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Photo Adobe Stock / Karynf

Qu’est-ce qui distingue la dyslexie de la dyspraxie, ou de la dysphasie ? Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA), souvent appelés « troubles dys », demeurent assez méconnus des enseignants du primaire et du collège... faute de formation et d'informations. Voici un premier tour d'horizon de ces troubles : détails de leurs caractéristiques, le nombre d’enfants qu’ils touchent, leur origine et l’importance du repérage précoce.

Quels sont ces troubles dys ?

Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages sont définis par l’Organisation mondiale de la santé comme des troubles permanents d’origine neurologique, qui perturbent l’acquisition, la compréhension, l’utilisation et le traitement de l’information verbale ou non verbale.

Les troubles « dys » sont des troubles neurodéveloppementaux qui apparaissent dès l’enfance et affectent durablement le développement de certaines fonctions cognitives. Ils ne s’expliquent pas par un déficit d’intelligence, une carence éducative ou l’environnement social. Ces troubles cognitifs sont persistants et permanents, ils apparaissent tôt dans l’apprentissage et induisent des difficultés durables d’apprentissage. Ils ont des répercussions sur la scolarité et la vie quotidienne des élèves. La notion de « trouble » est différente du retard simple dans la mesure où il est durable. Il n’y a donc pas de « guérison » possible mais une amélioration et des progrès par le biais d’adaptations pédagogiques. Leur prise en charge est donc essentielle pour permettre d’améliorer et/ou de compenser les fonctions déficientes.

À chaque classe, des stratégies et des outils de soutien peuvent être mis en place pour aider l’élève. Les aménagements effectués, l’accompagnement familial et la collaboration avec les parents permettent à l’enfant de progresser, de se sentir soutenu et le font gagner en confiance, un point primordial pour ces élèves à l’estime de soi souvent défaillante.

Les différentes formes de « dys »

  • Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit en lecture : la dyslexie

Ce trouble touche l’acquisition et l’automatisation de la lecture et se caractérise par des difficultés importantes à identifier des mots écrits avec précision et fluidité et des faiblesses marquées en orthographe.

La dyslexie phonologique se caractérise par l’absence d’automatisation des conversions lettre-son (déficit de la voie d’assemblage). Quelques exemples : la confusion de sons, particulièrement avec les lettres ou graphèmes proches sur le plan visuel (p/q, a/o) ou sur le plan auditif (t/d, s/z), la confusion dans l’ordre des lettres d’une syllabe ou des mots découpés aux mauvais endroits. Il s’agit de la forme de dyslexie la plus fréquente et la vitesse de lecture en est affectée.

La dyslexie lexicale ou de surface se définit par l’incapacité à automatiser la lecture à partir de la forme visuelle des mots ainsi qu’à récupérer en mémoire la prononciation associée au mot (déficit de la voie d’adressage). Dans ce cas, le décodage est bon mais l’élève a des difficultés à lire les mots irréguliers (qui ne se prononcent pas comme ils s’écrivent comme pays, monsieur…).

Les enfants dyslexiques présentent presque toujours une dysorthographie associée.

  • Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit de l’expression écrite : la dysorthographie

Ce trouble se caractérise par des difficultés importantes à produire les mots écrits avec précision. Le plus souvent, la dysorthographie est la conséquence de la dyslexie mais elle peut aussi exister de façon isolée. La dysorthographie phonologique constitue la difficulté à encoder les sons (déficit de la voie d’assemblage) où le mot écrit ne correspond pas à la forme sonore annoncée.

La dysorthographie lexicale ou de surface est la difficulté à se rappeler la forme visuelle et globale des mots (déficit de la voie d’adressage). Le mot est mal orthographié mais correct d’un point de vue phonétique et l’enfant a une impossibilité de se constituer un lexique orthographique.

  • Le trouble fonctionnel de l’écriture : la dysgraphie

La dysgraphie touche l’apprentissage du geste graphique et de la motricité fine et se caractérise soit par une écriture très lente, soit une écriture illisible et peu compréhensible, soit une production écrite très désordonnée.

Ce trouble résulte de la combinaison de trois déficits : l’absence d’automatisme des gestes graphiques, la déficience au niveau du codage orthographique et la non-maitrise des doigts pendant l’écriture.

Elle se traduit principalement par des problèmes dans le tracé des lettres, qui sont mal formées et de taille inégale et des espaces entre les mots qui ne sont pas respectés.

Les spécialistes distinguent plusieurs formes de dysgraphie :

  • la dysgraphie maladroite, caractérisée par une écriture lourde et désordonnée
  • la dysgraphie crispée, où l’écriture est raide, anguleuse et tendue
  • la dysgraphie molle, caractérisée par une écriture petite et négligée
  • la dysgraphie impulsive où l’écriture est rapide, imprécise et illisible
  • la dysgraphie lente et précise, caractérisée par une écriture lente, signe d’une application et d’un effort intense.
  • Le trouble développemental du langage (TDL) : la dysphasie

La dysphasie touche le langage oral et elle est très invalidante. Ce trouble peut toucher les aspects réceptifs (décoder le langage reçu) et/ou expressifs. Dans ce cas, ils peuvent concerner la phonologie -des difficultés de prononciation avec des paroles indistinctes et des mots déformés-, le vocabulaire ou la syntaxe -la difficulté à prononcer des phrases-, parfois associé à un trouble de la compréhension (vocabulaire et/ou syntaxe).

  • Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit du calcul : la dyscalculie

Elle concerne l’acquisition du sens du nombre, de la mémorisation et du raisonnement logico-mathématique. Elle se caractérise par des difficultés persistantes à comprendre les concepts mathématiques de base, qui sont le socle sur lequel se construisent les apprentissages ultérieurs. Les manifestations les plus fréquentes sont liées à une mauvaise compréhension du concept du nombre : une mauvaise compréhension des principes de dénombrement, une mauvaise perception des quantités numériques (difficultés à classer ou ordonner des éléments, à estimer des quantités…), des difficultés dans l’utilisation du langage mathématique…

On note aussi des difficultés de mémorisation et d’apprentissage des tables d’addition et de multiplication ainsi qu’un manque de fluidité et d’exactitude dans les calculs.

Ce trouble est rarement isolé et fréquemment associé à une dyslexie-dysorthographie ou à une dyspraxie.

  • Le trouble développemental de la coordination : la dyspraxie

Elle correspond à des problèmes dans l’acquisition de la coordination des gestes et de l’orientation dans l’espace. Elle se définit par un retard dans les apprentissages moteurs et dans la coordination des mouvements en comparaison aux autres enfants du même âge. Il touche la planification, la réalisation, la coordination et l’automatisation des gestes volontaires. Au quotidien, l’enfant a du mal à s’habiller, à tenir ses couverts, à faire des jeux où intervient la motricité fine (comme les jeux de construction), à coordonner ses gestes et donc à apprendre le vélo, par exemple.

À l’école, l’écriture est difficile car un enfant dyspraxique est souvent également dysgraphique, c’est-à-dire qu’il a du mal à reproduire les formes graphiques.

  • Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité : TDAH

Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental dont les symptômes se manifestent dans l’enfance dans trois dimensions : l’attention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Il concerne les troubles de l’apprentissage et non du comportement.

L’enfant a une difficulté à maintenir son attention dans la durée, à sélectionner son objet d’attention sans se laisser distraire par des stimuli externes dans la classe. Il est aussi impulsif, avec une incapacité à attendre pour prendre la parole ou différer une action ; il est difficile pour lui de gérer ses émotions et de garder son calme. Enfin, il peut y avoir de l’hyperactivité, soit un besoin de bouger sans cesse sur sa chaise, de beaucoup parler ou de faire des bruits.

Selon l’Inserm, plus de 50 % des enfants présentant des déficits de l’attention avec ou sans hyperactivité, présentent d’autres troubles des apprentissages associés.

Combien d’enfants sont concernés ?

Ces troubles concernent de 5 à 7 % des enfants d’âge scolaire selon une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). La Fédération française des Dys (FFDys) avance, elle, le chiffre de 6 à 8 % des enfants porteurs d’un de ces troubles. Elle ajoute que 5 à 7 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3 à 6 % sont dyspraxiques, 2 à 3 % sont dyscalculiques et environ 1 % sont dysphasiques. Les études scientifiques montrent également une prévalence de 3 à 5 % pour les élèves TDA/H.

Contrairement à certaines croyances, il n’y a pas de plus en plus d’élèves ayant des TSLA, mais ils sont de mieux en mieux diagnostiqués. Sur une classe de 30 élèves, 1 à 2 élèves sont porteurs de « dys ». Dans 4 cas sur 10, un enfant concerné par un trouble en présente plusieurs.

L’Inserm indique aussi que des difficultés psychologiques et comportementales sont également fréquemment associées aux TSLA telles que l’anxiété de performance ou le manque de confiance en soi. Les élèves travaillent beaucoup, plus que leurs camarades, pour des résultats décevants. Ils passent beaucoup de temps à leurs devoirs, ce qui les épuise et les frustre.

Quelle est l’origine des troubles ?

L’origine de ces différents troubles n’est pas encore déterminée. Une chose est certaine, les TSLA ne sont pas liés à un manque d’intelligence ou de motivation de l’élève et les influences environnementales défavorables (psychologiques, pédagogiques, socioéconomiques…) ne sont que des facteurs aggravants des « dys », mais elles ne sont pas des causes de ces troubles. Elles ont été définitivement réfutées par des études neurobiologiques.

La dyslexie (déficit en lecture) est le trouble le plus étudié. Selon une hypothèse de recherche, présentée par l’Inserm sur son site, « la présence d’un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons de la parole) est aujourd’hui la cause la plus couramment admise de la dyslexie ».

L’association fréquente de la dyslexie avec d’autres troubles du développement a entrainé les chercheurs à explorer d’autres pistes. Des études soulignent l’importance de la dimension visuelle (analyse spatiale de la séquence des lettres dans le mot), du traitement temporel (rapidité des informations transmises dans la parole) et des déficits plus larges de coordination motrice.

L’Inserm ajoute que l’imagerie cérébrale anatomique et fonctionnelle permet de mieux comprendre les mécanismes associés aux troubles de l’apprentissage. Les chercheurs soupçonnent que des « désordres neuronaux » dans certaines régions ou encore un déficit de connexion entre des aires éloignées du cerveau pourraient expliquer différents troubles des apprentissages.

À noter qu’il existe également une forte héritabilité de la dyslexie, estimée entre 50 et 80 %. Un parent dyslexique a donc un risque augmenté d’avoir un enfant également dyslexique par rapport à un parent non dyslexique.

L’importance du repérage précoce

Les experts sont unanimes sur le fait que plus les TSLA sont diagnostiqués tôt, mieux ils peuvent être compensés et plus l’enfant aura la possibilité de suivre une scolarité selon ses réelles compétences.

Comme les signes les plus fréquemment observés sont liés au travail scolaire, les enseignants sont souvent les premiers à mettre le doigt sur les difficultés de l’enfant, avant même qu’un diagnostic ne soit posé. Les enfants porteurs de troubles « dys » peuvent être souvent repérés lors de leur entrée en maternelle, notamment par le langage oral ou le geste ou bien en élémentaire, notamment avec le langage écrit.

Pour la dyslexie, les spécialistes estiment que pour poser un diagnostic, un décalage de deux ans par rapport à la progression de la moyenne des élèves doit être observé ; le diagnostic peut donc se faire qu’à partir du CE2.

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