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Professeur en psychologie à l’École supérieure du professorat et de l’éducation Midi-Pyrénées, André Tricot indique qu’il n’existe pas une bonne méthode unique d’enseignement des sciences. Entretien.

Quels sont les freins d'un enseignement des sciences de qualité, selon vous ?

Les principaux obstacles sont connus depuis plusieurs années : le peu d'heures consacré à l'enseignement des sciences. Avec 24h de cours par semaine, on est entre 1 et 2h au maximum de sciences et technologie enseignés par semaine. Par ailleurs, la formation des enseignants est courte ; quand on est formé en deux ans dans l'enseignement de disciplines aussi différentes, il est compliqué d'avoir un apprentissage poussé en sciences, d'autant plus que l'on s'adresse à des étudiants de formation initiale littéraire en majorité.

Un autre frein, moins connu, et sur lequel j'ai eu l'occasion de travailler, porte sur le fait que dans l'enseignement des sciences, on a beaucoup de convictions mais pas forcément de connaissances sur les résultats.

Pouvez-vous développer ?

Il faudrait connaître finement la littérature internationale scientifique de l'enseignement des sciences, sur laquelle beaucoup de formateurs font l'impasse. Je parle bien des formateurs des professeurs des écoles, collèges et lycées, pas des professeurs.

Je pense aussi aux chercheurs, aux influenceurs auprès de l'Éducation nationale. J'ai toujours été frappé par cela. Si on s'intéresse à telle façon d'enseigner les sciences, à différentes démarches, est-ce qu'on a pris la peine de regarder l'état des connaissances et des incertitudes sur le domaine ?

En quoi est-ce important de travailler sur ces questions ?

Parce que la littérature internationale scientifique de l'enseignement des sciences produit des résultats nuancés, bien loin de l'idée qu'il existerait une bonne méthode d'enseignement, une bonne démarche. Comme souvent, la façon d'enseigner est une façon de mettre en cohérence une connaissance spécifique (un concept, un raisonnement, une connaissance factuelle, une méthode…), au sein d'une progression, avec une tâche ou un ensemble de tâches, une façon d'interagir avec les élèves, un certain support, une certaine façon d'évaluer.

La démarche d'investigation, mise en avant par la Main à la pâte et largement pratiquée dans les écoles, est-elle importante ?

Elle est incontournable mais il est important de distinguer les moments où l'on veut enseigner une démarche et les moments où l'on veut enseigner les concepts. Après, elle est nécessaire mais non suffisante. Il faut des moments d'explication, de pratiques d'idées et des moments de pratique plus autonome.

Ce qui est intéressant dans la littérature sur l'enseignement des sciences est que la question est différente quand il s'agit d'enseigner des connaissances factuelles ou de raisonnement. Autant la démarche d'investigation est nécessaire quand il est nécessaire pour l'élève d'apprendre, autant pour d'autres connaissances scientifiques, l'enseignant va utiliser une progression différente dans laquelle il y a aura à un moment donné la démarche d'investigation.

Comment cela ?

Dans l'enseignement des sciences, un point clé, ce sont des connaissances didactiques, c'est-à-dire les connaissances spécifiques à ce qu'on va enseigner. Il est important que l'enseignant ait cette réflexion : « Je veux travailler sur un objet d'enseignement, qui présente des caractéristiques spécifiques. Je sais que les élèves font généralement telle erreur à propos de cette connaissance et que c'est bien telle tâche avec tel support qui permet de mieux apprendre cette connaissance (et pas une autre). Il est important alors de réguler de telle manière et d'évaluer de telle manière ».

Enseigner des sciences passe par un lien précis entre ce qu'on enseigne et comment on l'enseigne. Il n'y a pas de pédagogie générale qui fonctionnerait sur toutes les notions. En le disant à l'envers ; si je ne connais pas les spécificités, je peux passer à travers la notion.

Cela ne relève-t-il pas de la mission impossible pour un enseignant qui n'a que deux heures par semaine de sciences à l'école ?

Si le principal levier est là, en effet, cela paraît un peu encyclopédique.

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