Pour avoir accès à cette ressource, vous devez être prescripteur de ce produit


Pour avoir accès à cet article, vous devez posséder ce produit : Veuillez répondre à la question ci-dessous pour accéder à ce complément produit.


Photographie d'un groupe d'enfants jouant en classe

© Syda Productions / Adobe Stock

Catherine Chabrun est enseignante et anime Le Nouvel Éducateur, la revue de l’Institut coopératif de l’école moderne (ICEM-pédagogie Freinet). Elle siège dans des structures institutionnelles comme le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative (CNIRÉ) et le Centre national de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLÉMI). Elle est l'auteure de "Entrer en pédagogie Freinet".

Quels sont les grands principes de la pédagogie Freinet ?

Catherine Chabrun : Célestin Freinet était instituteur et dès 1920, il met en œuvre des pratiques pédagogiques qui visent l'éducation et l'émancipation des enfants du peuple. C'est l'idée fondatrice d'une école populaire. Le travail personnalisé des enfants et l'individualisation des apprentissages qui se base sur le tâtonnement expérimental. A l'école, l'enfant est toujours en situation d'expérimentation. La personnalisation des apprentissages avec l'enfant auteur, organisateur, conducteur de ses propres recherches (plan de travail, fichiers autocorrectifs) et toujours dans un cadre coopératif, avec l'apport du collectif qui l'aide. Il n'y a pas de concurrence, mais de l'émulation. Freinet a mis en place une organisation collective de la classe avec des rituels de réunion, de gestion, de proposition. En maternelle, ce sera fréquent et rapide, en cours moyen, un jour hebdomadaire, ¾ d'heure pour faire le bilan et organiser la semaine suivante. Un plan de travail est fait pour la journée, l'enfant le suit avec l'appui du professeur. La journée comporte aussi des parties libres pour écrire une histoire et mener des projets, et une partie obligatoire pour préparer les évaluations. Sur les apprentissages fondamentaux, il y a aussi du français et des mathématiques dans l'histoire, les sciences et la géographie.

Comment s'organisent les classes ?

C.C : Les niveaux sont respectés et nous préférons les doubles niveaux et les classes de cycle pour donner du temps à l'enfant. Si l'on donne deux ans pour apprendre à lire, tout le monde respire mieux. La part du maître est importante, il pense en amont toutes les situations pédagogiques qui vont permettre à l'enfant de cheminer, d'apprendre. C'est lui qui accueille, sécurise, est garant du programme. Il peut être devant, derrière ou au milieu. Il est essentiel que l'environnement matériel soit bien prêt. Dans les moments de travail autonome, l'enseignant a du temps pour aider un enfant pendant vingt minutes ou plus, faire du soutien individuel en quelque sorte.

Le travail est-il individualisé pour chaque élève ?

C.C : Non, nous permettons à l'enfant d'avancer à son rythme mais le travail n'est pas individualisé. L'enfant est dans un groupe qui va le pousser à aller un peu plus vite, un peu plus loin. C'est un cheminement qui va être personnalisé, mais pas un travail individualisé, on articule toujours l'un avec tous.

Combien y a t-il de classes Freinet en France ?

Il y a à peu près 2 500 / 3 000 enseignants en école primaire qui suivent la pédagogie Freinet. Il n'y a pas d'écoles privées Freinet, mais certaines peuvent revendiquer sa pédagogie.

Pourquoi cette absence d'écoles privées ?

C.C : Célestin Freinet voulait donner "aux enfants du peuple l'accès aux connaissances qu'avaient les enfants de la bourgeoisie", disait-il. Or, l'école populaire ne peut se faire que dans l'école publique. Beaucoup de nos enseignants choisissent des Rep et des Rep+. Il s'agit vraiment d'un choix et l'ICEM se revendique de l'école publique.

Je remarque une nouveauté depuis quatre ans, un fort développement au collège avec des enseignants qui essaient dans leurs cours de prendre des principes coopératifs d'organisation… J'y vois quelque chose de très encourageant, les groupes départementaux Freinet se développent avec des jeunes enseignants qui sont curieux d'en savoir davantage.

Et le jeu ? Freinet le revendiquait-il ?

Le jeu était important pour lui mais il disait qu'il "ne faut pas leurrer l'enfant, il ne suffit pas de jouer pour apprendre". L'enfant doit investir de lui-même. C'est en travaillant qu'il a de de "la joie", selon l'expression de Freinet.

Retrouvez d'autres articles sur le même thème