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ChatGPT, Gemini, Dall. e ou Midjurney… Ces outils d’intelligence artificielle font parler d’eux depuis deux ans et la mise à disposition de ChatGPT auprès du grand public. Si l’IA est apparue dans les années 1950, les algorithmes des IA génératives, capables de produire des images, des textes, des sons et de la musique, bouleversent le quotidien et la sphère professionnelle… et investissent de plus en plus le milieu éducatif. Que peut apporter l’IA à l’école ? Analyses et pistes de pratiques proposent dans ce dossier d’ouvrir la réflexion.
Dans le livre qu'il a récemment écrit avec Pierre-Yves Oudeyer, C'est (pas) moi, c'est l'IA, le chercheur Didier Roy pose les bases de la réflexion. Que sont ces IA ? Comment fonctionnent-elles ? Comment bien les utiliser ? L'ouvrage aide les élèves et les enseignants à comprendre le fonctionnement de l'intelligence artificielle générative, la plus visible dans notre quotidien. « Notre objectif est d'informer sur cet outil, souvent mal compris et parfois mal utilisé par les jeunes. Il vise à développer l'esprit critique face à cet outil et à éclairer sur ses usages en classe », explique-t-il dans un entretien où il aborde de manière simple les avantages et les limites de ces technologies.
Faut-il alors les introduire en classe et sous quelle forme ? Enseignant et passionné de nouvelles technologies, Yann Houry détaille les grands axes de la sensibilisation des élèves à cet usage critique de l'IA. « Ses réponses peuvent contenir des erreurs ou des biais, liées aux données d'entrainement, développe-t-il. Il faut les encourager à questionner les résultats et à croiser les sources ». Citant de nombreux usages concrets en classe dès le plus jeune âge, il insiste sur l'art du prompt, celui de poser les bonnes questions.
Cet art, entre autres, est celui sur lequel travaille Cécile Cathelin, professeur de français au lycée. Elle raconte comment elle initie ses élèves à la méthode Craft (pour « Contexte, rôle, action, forme et ton »), qui a pour but d'apprendre aux élèves à créer de bons prompts pour obtenir de bonnes réponses. Un des enseignements majeurs qu'elle a tiré de son expérience ? Pour formuler une question pertinente à l'intelligence artificielle, il faut bien maîtriser son cours. Parmi les changements marquants qu'elle a observés, la prise de conscience par les élèves de l'importance du brouillon comme outil de structuration de la pensée.
Enseignante en espagnol en collège, Gaëlle Hallez a, elle aussi, rapidement intégré l'intelligence artificielle dans ses cours et s'est lancée dans la création de chatbots avec Mizou. Ces expériences ont permis aux élèves de travailler par petits groupes, de mieux structurer leurs idées et de développer des compétences en programmation. Elles ont aussi permis de dédramatiser auprès des adolescents l'usage de l'intelligence artificielle, omniprésente dans leur quotidien sur les smartphones.
À un plus jeune âge, en cycle 2, des outils d'IA sont utilisés dans des milliers de classes depuis cinq ans. Lancées dans le cadre des partenariats d'innovation et d'intelligence artificielle (P2IA), trois solutions ont été retenues en mathématiques et deux en français. La plateforme Lalilo accompagne quelque 40 000 enseignants et 400 000 élèves dans l'apprentissage de la lecture et du français. Cette intelligence artificielle adaptative ajuste en temps réel les exercices en fonction du niveau et des progrès de chaque élève et un tableau de bord permet aux enseignants de suivre leurs progrès. La différenciation pédagogique est aussi le socle d'Adaptiv'Math, présente dans 15 000 classes en France. Chaque module est conçu pour traiter une notion spécifique, permettant aux enseignants d'avoir une compréhension plus fine du processus d'apprentissage de chaque élève. Un algorithme analyse en temps réel les exercices les plus pertinents pour maximiser la progression des élèves, évitant ainsi une répétition mécanique des mêmes exercices.
Un autre outil a beaucoup fait parler de lui en classe, MIA seconde. Destiné comme son nom l'indique aux jeunes lycéens, ce programme d'apprentissage adaptatif pour les mathématiques et le français a été déployé dans huit académies pilotes l'an dernier. Il peut être utilisé en amont des cours, intégré dans les séances pédagogiques et mobilisé comme un outil de révision et de consolidation. Où en est-on après l'annonce par le gouvernement Attal d'une généralisation qui a été reportée ? Le président d'EvidenceB, à l'origine de MIA Seconde et d'Adaptiv'math détaille les évolutions du programme et l'étude d'impact en cours.