Pour avoir accès à cette ressource, vous devez être prescripteur de ce produit


Pour avoir accès à cet article, vous devez posséder ce produit : Veuillez répondre à la question ci-dessous pour accéder à ce complément produit.


Photo d'une salle de classe connectée

Adobe Stock | Gorodenkoff

Dans leur livre C’est (pas) moi, c’est l’IA, Didier Roy et Pierre-Yves Oudeyer décryptent l’intelligence artificielle pour les jeunes et les enseignants. Face à une génération qui l’utilise massivement – souvent sans recul –, l’ouvrage vise à développer l’esprit critique. Accessible dès 12 ans, il éclaire sur les usages de l’IA en classe, son potentiel pédagogique et ses limites. De la personnalisation des apprentissages à la planification des cours, Didier Roy explique que l’IA peut être un outil précieux, à condition de rester sous contrôle humain.

« L'idée est d'avoir du recul par rapport aux capacités de l'intelligence artificielle générative »

Quel était votre objectif en écrivant ce livre ?

Didier Roy : Notre objectif, à Pierre-Yves Oudeyer, mon co-auteur et moi-même, était d'informer sur l'intelligence artificielle (IA), surtout sur l'IA générative, souvent mal comprise et parfois mal utilisée par les jeunes. On estime que 80 % des 14-18 ans ont utilisé ChatGPT pour faire leurs devoirs et que la plupart d'entre eux pensent que les réponses sont fiables. Par ailleurs, 50 % des jeunes interrogés l'utilisent sans réfléchir et 40 % d'entre eux déclarent qu'ils auraient du mal à s'en passer.

L'objectif est de sensibiliser les personnes, et en particulier les plus jeunes aux enjeux de l'IA pour faciliter la compréhension d'un monde qui change et les éclairer sur les choix à venir.

À partir de quel âge peut-on lire votre ouvrage ?

Je pense qu'un jeune peut lire par lui-même ce livre à partir de douze ans. Notre lectorat privilégié, ce sont les adolescents et les jeunes adultes mais l'ouvrage est destiné à tout le monde. Nous avons voulu être accessibles en employant un langage clair et en présentant des cas d'usage concrets de manière que, avec les excellentes illustrations de Clémentine Latron, la lecture puisse être la plus autonome possible.

Ce livre peut aussi aider les enseignants à comprendre comme l'IA générative fonctionne, quels en sont les bénéfices et les risques ; il peut leur inspirer des idées d'activités et des contenus directement utilisables en classe.

Y a-t-il un âge pour initier les élèves à l'intelligence artificielle ?

Il n'y a pas vraiment de limite d'âge, le tout est de choisir des activités adaptées et de viser des choses simples. La robotique peut, par exemple, être utilisée dès le primaire pour initier aux algorithmes à travers des suites d'instructions compréhensibles par des enfants. De façon générale, initier à l'intelligence artificielle tout au long de la scolarité est très positif pour comprendre le fonctionnement de l'IA et en permettre un usage raisonné au quotidien.

Quel peut être l'usage des IA en classe ?

Il existe un usage général où l'intelligence artificielle permet de créer des quiz, de permettre des applications sur certaines notions développées par les enseignants. Un usage que j'observe de manière embryonnaire dans les écoles est la stimulation d'élèves. Face à des élèves en difficulté, l'enseignant peut demander à l'IA générative d'imaginer des stratégies d'enseignement différentes et ainsi d'enrichir la réflexion de l'enseignant qui reste le seul décideur. Face à un élève dyspraxique, l'IA peut fournir des réponses utilisables rapidement, elle accompagne l'enseignant qui pourrait se sentir isolé.

Autre usage possible à tester : j'ai une classe très agressive et je me demande d'où cela peut-il venir ? Que puis-je essayer ? L'intelligence artificielle va aller puiser dans la littérature scientifique et va fournir des idées et des pistes de réflexion, une approche qui va être plus personnalisée. Elle est aussi capable de produire des planifications annuelles pour structurer et répartir les éléments de cours, avec des activités stimulantes et d'autres plus formelles.

Une idée traverse votre ouvrage, celle d'avoir une pensée critique. En quoi consiste-t-elle et comment la développer ?

L'esprit critique est la capacité à mener des raisonnements et à analyser des faits pour se faire une opinion. L'idée est d'avoir du recul par rapport aux capacités de l'intelligence artificielle générative, de comprendre ce qu'elle peut faire, ses immenses possibilités et ses faiblesses, et de bien avoir en tête que ce sont les humains qui décident.

Des législations existent déjà, comme le cadre juridique européen du règlement général pour la protection des données et des textes de la Cnil en France, d'autres règles plus spécifiques se mettent en place pour encadrer son usage dans le cadre scolaire, seules sont possibles pour le moment des utilisations à titre privé.

L'enseignant peut suggérer à ses élèves adolescents, s'ils en ont le droit, d'explorer des thèmes, des idées et des créations. Cela développe la métacognition qui est la capacité à réfléchir sur ce qu'on sait, ce qu'on ne sait pas, à réfléchir sur ses erreurs et comment on apprend. Elle vient renforcer l'esprit critique face à des informations. Il est essentiel que savoir que notre cerveau a des fonctionnalités incroyables mais aussi des biais qui peuvent l'amener à se tromper.

Une dernière idée portée dans le livre est que l'on peut aborder la complexité de façon simple et montrer des nuances de façon affirmée.

________________________________________________________________

Pour aller plus loin : Ecoutez le replay de la webconférence avec les deux auteurs de l'ouvrage.

C'est (pas) moi, c'est l'IA, Pierre-Yves Ouderyer et Didier Roy, Nathan, 2025.

Retrouvez d'autres articles sur le même thème