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Anna, 5 ans est en grande section de maternelle. Sa maman, atteinte d’un cancer depuis plusieurs mois, est décédée lors des vacances de la Toussaint et Anna a repris l’école comme les autres après les vacances.
Les familles des camarades de classe d'Anna sont au courant et les enfants, pendant les temps de classe, parlent beaucoup de la mort de la maman d'Anna. Ils questionnent beaucoup la maîtresse et cela les empêche parfois de se mettre au travail. La maîtresse décide de faire appel à la psychologue scolaire pour l'aider à gérer cet événement difficile au sein de la classe afin que chacun puisse retrouver une certaine sérénité, et aussi pour Anna afin que l'école reste un milieu préservé de la souffrance que produit une telle perte.
Avec l'accord d'Anna et de son papa, il est décidé de mettre en place un moment d'une demi-heure d'échanges, d'écoute et de parole au sein de la classe pour permettre aux enfants d'aborder leur questionnement au sujet de la mort en général et pour permettre de canaliser leurs interventions. Lors de ce temps, ils ont pu poser leurs questions et, pour ceux ayant déjà vécu la perte d'un être cher, parler de leur expérience. Qu'il soit humain ou animal, l'attachement et la tristesse que l'on expérimente lors de la perte de cet être peut être aussi fort dans un cas comme dans l'autre surtout chez les enfants. Ils ont pu entendre en retour que la mort fait partie du cycle de la vie, que tout être vivant s'arrête de vivre un jour, mais qu'on garde toujours en pensée celui ou celle qui n'existe plus. Les émotions qu'on ressent face à la mort sont aussi différentes selon les personnes et selon le degré d'attachement, on a le droit d'être triste, mais on a aussi le droit de continuer de jouer et de rire.
Ce temps de parole a permis, aux enfants de la classe, d'avoir des réponses à leurs questions avec des mots simples et justes. Il a été plus facile pour la maîtresse très touchée par l'évènement de faire appel à une tierce personne pouvant poser des mots sur cet évènement triste. Et cela leur a aussi permis d'entendre que la vie de la classe continue, ainsi que les projets prévus, pour continuer à ce que l'école soit le lieu des apprentissages et le lieu de vie avec les copains.
De quoi s'agit-il ?
La mort est un sujet qui reste souvent plus difficile à aborder pour les adultes que pour les enfants. La mort devient "irréversible" pour l'enfant aux environs de l'âge de 4 ou 5 ans dans son développement psychique et sa compréhension des choses de la vie et du monde. Il est important de parler de la mort aux enfants lorsqu'ils y sont confrontés, ou se posent des questions à ce sujet, avec des mots simples. Il est important de pouvoir dire "il est mort" plutôt qu'il est "parti" parce que l'enfant peut alors s'angoisser de tout départ ne voyant pas revenir une personne. Souvent on constate que l'enfant arrête de poser des questions lorsqu'il a eu une réponse qui le satisfait pour son âge.
Les émotions provoquées par la mort d'un être cher doivent aussi être verbalisées mais surtout il est important de déculpabiliser l'enfant qui a encore le droit de rire, de s'amuser et de jouer, même assez rapidement. D'ailleurs bien souvent, les enfants parviennent assez vite à reprendre le cours de la vie et de l'insouciance. Cela en revanche doit devenir préoccupant si un enfant après un temps de tristesse et d'abattement bien justifié, ne parvient pas à reprendre goût à ses activités, s'isole ou change de comportement. Il est alors important de pouvoir demander conseil auprès d'un pédopsychiatre ou un psychologue afin de l'aider à passer cette étape difficile.
A l'école et en classe
Lorsqu'une situation de ce type touche un élève de près ou de loin et seulement si cela "envahit" la sphère scolaire, il est important de se poser et d'en parler, soit en individuel si cela touche particulièrement un enfant et l'empêche de vivre sa vie d'écolier, soit de manière groupale afin d'éviter tout débordement qui nuirait à la vie de la classe et aux projets scolaires. L'enseignant peut demander conseils auprès du psychologue scolaire ou des conseillers pédagogiques de sa circonscription pour essayer de gérer au mieux cette situation. Il est important d'en parler et de ne pas rester seul avec cette question difficile.
En classe, après avoir verbalisé les émotions ressenties, échangé, il est possible d'installer les premières semaines suivant le décès, une boite à pensées (dessins, mots) dans laquelle les enfants au moment où ils en ressentent le besoin, et s'ils en ont envie, peuvent déposer un dessin ou un mot gentil de soutien pour la famille touchée par le décès.