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Antoine a 6 ans. Cependant il est scolarisé en MS de maternelle car il souffre d’un retard global cognitif et développemental dû à la trisomie 21, une anomalie chromosomique. En classe, Antoine est accompagné dans ses apprentissages par une aide humaine notifiée par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), qui lui permet de suivre le rythme de vie de la classe (transitions, changements d’activités), de suivre le groupe et d’entrer dans les tâches et les activités proposées.

Ainsi, lors des moments de regroupements, Antoine ne souhaite pas toujours s'asseoir sur les bancs à côté des autres ou au contraire parfois il se colle à ses pairs et veut entrer en contact physique avec eux de manière pas très adaptée, en les touchant ou en leur faisant des bisous. Dans les séquences d'apprentissages, Antoine met beaucoup le matériel à la bouche. Il est alors nécessaire de lui fournir un matériel adapté : images plastifiées, jeux éducatifs pour les enfants plus jeunes, jeux d'encastrements. Antoine a besoin de plus de temps pour faire les acquisitions permettant de progresser au niveau cognitif mais aussi dans la relation aux autres. En effet la communication verbale et non verbale met plus de temps à se mettre en place, et parfois à cause d'incompréhension, Antoine peut se mettre en colère, en retrait ou s'opposer. Il dispose d'une bonne compréhension du langage énoncé mais son niveau d'expression verbale reste bien en deçà de ce qui pourrait être attendu pour un enfant de son âge en raison de son trouble.

Avant son entrée en classe maternelle, avec l'aide de la PMI (protection maternelle infantile) qui suit Antoine depuis sa naissance, des aides et des suivis ont été mis en place notamment dans un CAMSP (centre d'action médico-social précoce) qui accueille des enfants d'âge préscolaire pour leur permettre d'avoir des prises en charges diverses (orthophonie, psychomotricité, suivi psychologique, suivi éducatif…) en individuel ou en groupe afin de favoriser le développement de l'enfant.

Un service de soins spécialisés (Sessad) prendra le relais à partir des 7 ans d'Antoine. Le Sessad propose le même type de prise en charge mais permet aussi un lien direct avec les apprentissages et la scolarité. Le projet de scolarisation d'Antoine sera une poursuite en classe spécialisée afin qu'il continue de progresser à son rythme. L'orientation en établissement médico-éducatif a également été évoquée car elle permet une prise en charge plus globale de l'enfant lui permettant aussi de grandir et d'atteindre autant que possible une autonomie de vie sur du long terme.

De quoi s'agit il ?

La Trisomie 21 est une anomalie chromosomique qui touche indifféremment les enfants des deux sexes. Ceux-ci présentent un chromosome 21 surnuméraire ou bien plus rarement une partie seulement de chromosome 21 en plus. Le dépistage est pré-natal sauf exception. Les personnes trisomiques 21 présentent des caractéristiques physiques particulières (visage plutôt rond, nez dont la racine est aplatie, fente des paupières orientée en haut et en dehors, petite taille des mains et des pieds, etc.) et une hypotonie musculaire. Elles peuvent être porteuses de malformations cardiaques, digestives, rénales ou oculaires. Cependant, il existe un degré très variable de déficience mentale associée à une très grande diversité comportementale et émotionnelle. Ces enfants bénéficient de la scolarisation. Il est nécessaire de tenir compte de leurs besoins éducatifs particuliers tant sur le plan de la socialisation, que sur celui des apprentissages. Les enfants atteints de Trisomie 21 qui commencent à fréquenter l'école et n'ont pas fini d'apprendre les principes de base de la communication verbale et non verbale vont avoir besoin de temps pour développer des stratégies de communication.

La période d'opposition qui correspond chez le jeune enfant au moment où il a besoin d'expérimenter son individualité en s'opposant fréquemment à autrui et qui s'accompagne de signes manifestes de prise d'autonomie, se situe plus tardivement chez l'enfant trisomique (vers 5/6 ans) et a tendance à durer plus longtemps.  

Les aménagements et adaptations pédagogiques pour favoriser les progrès dans les acquisitions :

L'apprentissage des enfants porteurs de Trisomie 21 suit les mêmes étapes que celles des autres enfants. Les progrès sont plus lents et il est nécessaire de répéter davantage les exercices pour aboutir à une réussite. Leur retard intellectuel, allant de faible à modéré, est à prendre en compte dans les adaptations pédagogiques. Bien qu'ils se comportent tous de façon différente, les enfants porteurs de Trisomie 21 ont certaines caractéristiques communes. Notamment, ils éprouvent des difficultés particulières à assimiler des informations verbales nouvelles car :

  • ils prennent plus de temps à réagir aux signaux qu'on leur donne (temps de latence plus important) ;
  • ils ont une meilleure compréhension des informations communiquées par le canal visuel que par le canal verbal (illustrations, gestes, symboles, images, mots écrits) ;
  • ils accèdent plus difficilement aux souvenirs associés à des informations présentées auditivement ;
  • ils sont dotés d'un système de "filtrage" moins efficace (tri des informations utiles ou non).

Les élèves handicapés avec un retard mental, compte tenu de leurs difficultés, ont tendance à privilégier des réponses et des procédures connues, ce qui bloque les constructions nouvelles. Ils ont donc souvent des conduites imitatives, répétitives.

Pour aider l'enfant à prendre en compte la nouveauté dans l'apprentissage, l'enseignant peut veiller à établir un environnement sécure et prévisible tout en encourageant les attitudes exploratoires et les expérimentations. Il peut ainsi :

  • créer le sentiment d'appartenance à un groupe sécurisant, de par les règles de vie communes qui y sont instaurées ;
  • donner des repères dans le temps par la verbalisation des activités (par exemple : "vous pouvez jouer encore avec les puzzles puis ce sera la récréation") ;
  • annoncer systématiquement chaque changement à l'avance ;
  • utiliser des indices visuels comme support explicatif pour contribuer à l'assimilation des informations présentées sous forme verbale ;
  • valider précisément par des paroles toutes les actions innovantes de l'enfant en s'assurant de sa compréhension ;
  • respecter le temps de latence plus long et attendre que la tâche soit effectuée avant d'en proposer une autre ;
  • organiser les tâches de façon à ce que l'enfant soit en mesure de les réaliser, en privilégiant notamment des conditions spatio-temporelles optimales pour l'exécution des tâches exigeant de la réflexion, de la coordination ou la résolution d'un problème (établir par exemple une limite de temps) ;
  • adapter les tâches en les raccourcissant, en les simplifiant ou en adaptant les objectifs (par exemple entourer les mots pendant la dictée au lieu de les écrire) ;
  • établir un contact visuel et personnalisé avant de communiquer une consigne ;
  • simplifier, répéter les consignes, diviser les tâches en plusieurs composantes ;
  • renforcer les comportements positifs en soulignant précisément ce qui a été réussi par l'enfant (exemple : "tu as mis ton manteau, bravo !") et non des énoncés trop généraux du type "c'est bien" ou "je suis content de toi" ;
  • dédramatiser l'erreur ;
  • privilégier un enseignement qui joue sur l'alternance entre des activités qui incluent des composantes plus structurantes et répétitives et des activités basées sur le sens, la motivation et l'intérêt de l'enfant. Par exemple, pour l'apprentissage numérique, on peut organiser un rituel de dénombrement comme celui consistant à compter systématiquement les élèves présents et y associer ensuite une activité significative pour l'enfant comme un jeu d'association de jetons pour symboliser et mettre du sens à la numération.

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