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Au printemps 2023, vous avez été plus de 30 enseignants à contribuer à cette recherche autour des informations trompeuses, ce qui nous a permis de mener nos interventions auprès d'environ 1000 collégiens de la 6e à la 3e. Nous vous remercions de votre participation !

Retour sur la recherche menée

Lors de cette expérimentation, nous avons testé l'effet de deux interventions sur la capacité des élèves à détecter les fausses informations, et de façon plus générale, les informations et les opinions trompeuses. Chacune de ces interventions comportait 2 séances de 45 min chacune.

L'intervention A avait pour but de familiariser les élèves avec quatre techniques manipulatives qui sont classiquement utilisées pour véhiculer des fausses informations :

  • La manipulation par le langage émotionnel. Cette technique consiste à utiliser des contenus fortement émotionnels comme moyen de persuasion.
  • Les fausses dichotomies. Cette simplification excessive consiste à proposer deux explications à un problème, tout en excluant tout un ensemble d'autres options plausibles.
  • L'incohérence. Il s'agit d'utiliser des contenus illogiques - contradictoires voire mutuellement exclusifs - pour soutenir une même idée.
  • Les attaques ad hominem. Cette technique consiste à attaquer la personne ou le groupe à l'origine d'un argument au lieu de l'argument lui-même.

L'intervention B, quant à elle, avait pour but d'enseigner aux élèves comment évaluer la véracité des informations en prenant en compte des indices tels que la fiabilité de la source ou encore l'objectif de l'auteur. De plus, elle avait pour but de faire découvrir aux élèves la théorie des trois systèmes de pensée et la façon dont elle peut être appliquée à l'évaluation des informations. Une telle intervention a déjà été employée dans la première étude sur les fake news que nous avons menée, néanmoins, dans la présente étude, nous avons légèrement allongé l’intervention et nous avons rendu le discours moins alarmiste pour tenter d’éviter l’émergence d’un doute vis-à-vis des vraies informations.

Au cours de cette expérimentation, les élèves ont complété plusieurs tâches avant (pré-test), une semaine après (post-test), et, pour certains, deux mois (post-test différé) après l'intervention. Les tâches principales étaient les suivantes :

  • Une tâche mesurant la capacité de discernement entre les vraies et les fausses informations, où les élèves devaient évaluer la véracité de 16 informations en indiquant à quel point ils considéraient chacune d'entre elles comme vraie.
  • Une tâche de discernement entre les informations manipulatives et les informations manipulatives (neutres), portant sur 16 informations ou opinions. Les élèves devaient indiquer à quel point chacune de ces informations ou opinions leur inspirait confiance.

Les résultats obtenus

A la tâche de discernement entre les vraies et les fausses informations :

  1. Contrairement à l’intervention centrée sur les techniques manipulatives (intervention A), l’intervention EMI + Trois systèmes de pensée (intervention B) a abouti à une meilleure évaluation des fausses informations : les élèves les considéraient comme moins vraies en post-test 1 (1 semaine après l’intervention) comparé au pré-test. 
  2. L’émergence d’un doute à long terme vis-à-vis des vraies informations, observé dans l’étude précédente, n’a pas été retrouvé dans cette étude. 
  3. Néanmoins, le bénéfice retrouvé en post-test 1 sur les fausses informations a été perdu en post-test 2 (2 mois après l’intervention).
  4. Ceci a entrainé une diminution, à long terme, de la capacité de discernement de la véracité. Mais contrairement à l’étude précédente, dans la présente étude, la diminution n’est pas statistiquement significative, autrement dit, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu’elle n’est pas due au hasard. Cela pourrait être dû à la taille de l’échantillon, plus petite que dans l’étude précédente. Cela suggère que la diminution de la capacité de discernement à long terme pourrait être subtile, repérable uniquement avec de larges échantillons.

A la tâche de discernement entre des informations manipulatives et neutres :

  1. Contrairement à l’intervention EMI + Théorie des 3 systèmes (intervention B), qui n’a pas eu d’effet particulier à cette tâche, l’intervention ayant pour but d’initier les élèves à des techniques manipulatives (intervention A), a été efficace en améliorant leur capacité globale de discerner entre des informations ou opinions manipulatives et d’autres qui ne le sont pas. 
  2. Cette amélioration est spécifiquement due à une meilleure évaluation des informations ou opinions manipulatives, vis-à-vis desquelles les adolescents sont devenus plus sceptiques après l’intervention.
  3. Plus particulièrement, les bénéfices de l’intervention ont été retrouvés sur les attaques ad hominem (en posttest 1), et sur la manipulation émotionnelle (en posttest 1 et en posttest 2).

Sur la base de ces résultats, une nouvelle recherche collaborative a été lancée en 2024 avec une séquence pédagogique plus riche !

Toute l'équipe du LaPsyDE et Nathan vous remercient de votre collaboration, qui nous permet d'avancer dans la détermination de pistes pertinentes pour traiter la problématique des infox à l’adolescence.