Cette expérimentation, menée fin 2018, a été menée par près de 70 classes. Pour cette recherche en collaboration avec le Laboratoire de Psychologie du Développement et de l'Education (LaPsyDE - CNRS), nous avions demandé aux enseignants de proposer 24 séances d'entrainement de 10 minutes, réparties sur 6 ou 12 semaines.
Retour sur la recherche menée
Pour chaque classe, nous avions demandé aux enseignants de répartir leurs élèves au sein de deux groupes :
- Le groupe expérimental qui faisait des activités entrainant le contrôle inhibiteur ;
- Le groupe contrôle qui faisait des activités proches de celles du premier groupe, mais qui ne demandaient pas l'intervention du contrôle inhibiteur ;
Nous avons ensuite demandé à chaque enseignant de faire remplir un livret d'évaluations à chaque élève, en groupe classe. Il s'agissait d'évaluer les élèves avant et après l'intervention pour connaître les effets de cet entrainement. Les activités du livret d'évaluation permettaient de mesurer le niveau d'inhibition, de flexibilité (la capacité à passer d'une tâche à une autre), de mémoire de travail (la mémoire qui permet de retenir et travailler des informations sur une courte et moyenne durée), ainsi que les compétences scolaires. Chaque élève a donc été évalué à trois reprises :
- Le pré-test (avant l'entrainement) pour connaître le niveau de base des élèves ;
- Le post-test immédiat (juste après l'entrainement) pour mesurer l'effet immédiat de l'entrainement au contrôle inhibiteur ;
- Le post-test différé (2 à 3 semaines après la fin de l'entrainement) pour connaître l'effet à long terme des 24 séances d'entrainement.
Les résultats
L'expérimentation menée cette année a permis de confirmer le constat fait l'année dernière : mener une expérimentation scientifique en classe, sans intervention directe du chercheur, est possible !
Pour imager les résultats obtenus à cette étude grâce à vos données transmises nous avons publié un graphique en pièce jointe. Il présente les performances de vos élèves au test de Stroop, et plus particulièrement le coût d'inhibition des élèves en fonction du groupe (expérimental ou contrôle) et de l'évaluation (pré-test, post-test immédiat ou post-test différé). Dans ce test, les élèves doivent déterminer la couleur d'impression de nom de couleur. Il y a alors deux conditions : une condition congruente où la couleur d'impression correspond au mot écrit (Bleu écrit en bleu) et une condition interférente où la couleur d'impression ne correspond pas au mot écrit (Bleu écrit en rouge). Le score d'interférence correspond donc au nombre de bonnes réponses aux items interférents soustrait à celui des items congruents.
On observe qu'au pré-test, il n'y a pas de différence significative entre les élèves des deux groupes : tous les élèves ont le même niveau d'inhibition au Stroop. Ce qui est logique puisque nous avions demandé aux enseignants de répartir leurs élèves en deux groupes de niveau équivalent. Ensuite, au post-test immédiat, on voit qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes : l'entrainement n'a pas d'effet différentiel à court terme entre les deux groupes. On observe cependant une légère tendance d'amélioration puisque les élèves du groupe expérimental semblent moins gênés par le besoin d'inhiber (diminution du score d'interférence) que les élèves du groupe contrôle (hausse du score d'interférence). Cette différence n'est pas significative, elle indique seulement une tendance. Enfin, au niveau du post-test différé, on observe, cette fois, une différence significative entre les élèves des deux groupes. En effet, les élèves du groupe expérimental sont maintenant plus résistants pour inhiber une information, par rapport à ceux du groupe contrôle.
Ces résultats montrent donc qu'entrainer le contrôle inhibiteur permet aux élèves qui ont pratiqué régulièrement les diverses activités proposées d'avoir de meilleures capacités d'inhibition que les élèves qui ont joué à des activités n'impliquant pas ce contrôle inhibiteur. En revanche il n'est pas possible actuellement d'affirmer que cette différence entre les deux groupes se transfère aux autres fonctions cognitives et scolaires. En effet, suite à l'entrainement, tous les élèves, indépendamment de leur groupe, ont de meilleures performances qu'au pré-test, et cela avec un maintien dans le temps entre le post-test immédiat et différé. L'ensemble des élèves a donc progressé grâce aux activités proposées, qu'elles stimulent ou pas le contrôle inhibiteur.
Ces résultats sont consolidés par les retours qualitatifs que vous avez pu nous faire, lors de la remontée des données, mais aussi tout au long de l'expérimentation. En effet, vous avez été nombreux à partager avec nous le plaisir que vos élèves avaient pris à réaliser ces différentes activités, qui ont même permis à certains de vos élèves en difficultés de prendre confiance en eux et participer davantage à la vie de classe. Vous nous avez également remonté que vous aviez maintenant la sensation de mieux connaître et comprendre le fonctionnement cérébral de vos élèves. Ces éléments faisaient également partis de nos objectifs à atteindre au début de cette recherche collaborative !
Nous souhaitons remercier l'ensemble des enseignants et élèves ayant participé à cette expérimentation collaborative.
Entrainer le cerveau à résister
Les résultats encourageants de cette expérimentation, combinés à d'autres, ont permis de créer des coffrets et ouvrages pour vous accompagner en classe dans l'entrainement du contrôle inhibiteur de vos élèves. Découvrez ces outils !