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Avec 4000 enseignants manquants avant la rentrée, l'année 2022 a placé la question de la pénurie d’enseignants en France au cœur de l’actualité. Le point sur les différents statuts d’enseignants au sein des 886 000 professeurs en France et sur les fameux jobs dating qui ont choqué plus d’un foyer.

Les enseignants titulaires

L'enseignant titulaire est un fonctionnaire qui a été titularisé, c'est-à-dire qu'il a obtenu un concours de l'Éducation nationale pour exercer le métier d'enseignant.
En 2019-2020, l'Éducation nationale comptait 886 000 enseignants de la maternelle au lycée dont 822 000 titulaires. 71% d'entre eux étaient des femmes. Ce nombre est resté stable depuis six ans. 328 000 travaillaient dans le premier degré en 2021, soit les maternelles et le primaire.

Les titulaires sur zone de remplacement (TZR)

Le TZR est un enseignant remplaçant qui effectue ses remplacements à l'intérieur d'une zone de remplacement. Il peut être affecté sur un poste provisoire pour la durée de l'année scolaire ou effectuer des suppléances de durées variables.
L'enseignant peut choisir de devenir TZR, mais on peut aussi l'être sans l'avoir réellement souhaité, soit qu'on ait fait ce type de vœu à la toute fin, soit qu'on arrive en extension en zone de remplacement. Dans la majorité des cas, ce sont les barèmes les moins importants, et donc les plus jeunes, qui deviennent TZR.
Si le remplacement auquel il est affecté est de courte durée, le TZR perçoit des Indemnités de Sujétion Spéciale de Remplacement (ISSR), sous forme d'un versement forfaitaire quotidien, débutant le jour d'arrivée dans l'établissement.
Il n'existe pas de décompte officiel des titulaires sur zone de remplacement mais leur nombre est estimé entre 20 000 et 30 000 dans les premiers et seconds degrés.

Les contractuels

C'est dans l'enseignement public que le terme de contractuel est utilisé. Il a remplacé le statut de vacataire en 2016. L'enseignant contractuel est recruté en CDD pour une année scolaire ou moins, de manière reconductible, à temps plein ou partiel.  Dès lors qu'il a exercé un contrat à durée déterminée pendant une durée de six ans, un contrat à durée indéterminée doit lui être proposé. Soit il se voit proposer un CDI, soit il cesse d'exercer.
On estime à environ 40 000 le nombre de contractuels exerçant en tant qu'enseignants dans le secteur public (dont 3500 dans le premier degré) et quelque 26 000 suppléants (le nom des contractuels dans l'enseignement privé) dans le secteur privé en 2021.
Entre 2015 et 2021, on compte 8300 contractuels supplémentaires dans le secteur public, dont des recrutements exceptionnels dans le premier degré pour faire face à la crise sanitaire. Au total, entre 2015-2016 et 2020-21, le nombre de professeurs non-titulaires dans le public a augmenté de 26,3 % et de 12,2 % dans le privé, d'après le bilan social 2020-2021 de l'Éducation nationale.

Recrutement rapide, formation express

La session 2022 de recrutement s'est révélée particulièrement problématique du fait du manque d'attractivité du métier et les effets de la réforme des concours de l'enseignement, où il est nécessaire d'avoir un niveau Master 2. Sur le plan national, ce sont 4000 des postes d'enseignants qui n'étaient pas pourvus cette année aux concours enseignants en France sur 27 000 postes ouverts dans le public et le privé.
L'objectif du tout nouveau ministre de L'Éducation nationale, Pap Ndiaye, étant de placer "un professeur devant chaque classe dans toutes les écoles de France", les rectorats ont dû accélérer les recrutements. Quelque 3000 contractuels ont été embauchés avant la rentrée de septembre, dont "une vaste majorité enseignaient déjà l'année passée voire les années précédentes", dixit le ministre.
Les job datings ont fait la Une des journaux et des reportages télévisés, organisés par Pôle Emploi et/ou les rectorats. Des centaines de personnes intéressées par l'enseignement, au niveau Bac + 3, après envoi de leur cv et d'une lettre de motivation, ont eu un rendez-vous de 30 minutes pour un échange avec des recruteurs des rectorats. Les candidats reçus ont ensuite bénéficié de quatre jours de formation avant le 4 septembre, la moitié consacrée au fonctionnement de l'école, aux relations avec les parents et le directeur de l'établissement, l'autre moitié sur la préparation des cours fondamentaux. Ils apprendront surtout à trouver les programmes et les ressources utiles à la préparation des cours. Les contractuels auront 60 heures de formation réparties dans l'année scolaire.

Des rémunérations contestées

Les rémunérations des contractuels posent aussi problème aux enseignants titulaires. En effet, les contractuels du second degré, se voient proposés un salaire de base compris entre 2022 et 2327 euros brut par mois selon leur niveau de diplôme. Le site de l'Académie de Versailles précise que dans le premier degré, ces rémunérations sont de 1921 euros brut mensuels pour les titulaires d'une licence et de 2122 euros brut pour les détenteurs d'un Master 2.
Avec un bac+5 obligatoire, le salaire d'un enseignant recruté par concours est de 1828 euros brut lors de son année de stage et ne dépasse 2300 euros qu'après huit ans de carrière. L'objectif des académies très déficitaires est d'attirer les contractuels pour éviter les postes vacants.
La Cour des comptes relevait en 2018 que, dans un objectif d'attractivité, l'académie de Créteil payait ses contractuels 13 % de plus que la moyenne nationale, et 20 % de plus que dans des académies comme Bordeaux ou Grenoble.
Le ministre a promis une revalorisation salariale avec un début de carrière à 2000 euros nets dès l'an prochain.

Un système d'affectations sclérosé

Les mutations, sont un autre point de crispation pour les enseignants titulaires. Le mouvement de mobilité est moins fluide depuis plusieurs années. L'an dernier, 43% des 26 000 professeurs qui ont demandé à changer d'académie ont obtenu satisfaction, contre 45% en 2019 et près de 55% en 2015 selon les bilans sociaux dressés par l'éducation nationale.
Dans le premier degré, la mobilité est quasiment à l'arrêt. Les demandes de mutations entre départements ont été refusées à quasiment 80% en 2022 contre 63% de refus en 2010. Certaines académies sont plus demandées comme Toulouse, Rennes ou Bordeaux. Dans le premier degré, la Seine-Saint-Denis enregistre 90 demandes de sortie pour une demande d'entrée.
Dans un rapport publié le 25 juillet dernier, la médiatrice de l'Éducation nationale, Catherine Becchetti-Bizot, a mis en évidence la nécessité d'assouplir les mesures d'affectation. Elle a indiqué que 800 cas d'enseignants ont été l'objet de contestation d'affectation ou de problèmes de mobilité au cours de l'année 2021.
Certains enseignants qui ont essuyé un refus de mutation se mettent en disponibilité pour suivre leur conjoint, par exemple. Selon les chiffres de l'Éducation nationale, plus de 24 000 enseignants étaient en disponibilité en 2021, dont 8 800 pour rapprochement de conjoint.