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La méthode Boclet, un outil au pays des soft skills

Par Antony Soron , Maître de conférences HDR, formateur agrégé de lettres, INSPE Paris Sorbonne-Université. Deux ouvrages de Mohamed Boclet, champion du monde de lecture rapide, paraissent à la rentrée : une édition poche de Connaissance illimitée (Pocket), et un guide plus pratique, sorte de mise en application du précédent, La méthode Boclet – Le programme de 4 semaines pour passer à l’action (Robert Laffont). Dans quelle mesure ces livres de développement personnel peuvent-ils être utiles aux enseignants qui souhaiteraient rétablir la confiance en berne de leurs élèves ? Ils présentent en tout cas l’avantage de mettre en lumière des compétences dites « comportementales », ce « savoir-être » qui entre avec peine dans les cursus scolaires.       Origine et présentation Quelques lignes liminaires suffisent à poser l’ethos de celui qui s’exprime ici. Quelques lignes essentielles pour mesurer l’authenticité et les enjeux du propos développé ensuite : « Je n’en reviens toujours pas. Moi, petit garçon dyslexique et diabétique à qui on prédisait l’échec, voilà que je deviens vice-champion du monde de lecture rapide en 2021, renouvelle mon titre en 2023, publie un best-seller la même année et m’épanouis au quotidien en animant des formations auprès d’un public de plus en plus large. Chaque jour, je me demande comment le rêve a pu devenir réalité. Comment le jeune Mohamed que j’étais a pu céder sa place à l’homme que je suis devenu. » (La Méthode Boclet) Défendant d’emblée le terme de « connaissance », socle de son propre développement personnel et de sa réussite, l’auteur propose à ses lecteurs une méthode dont la visée programmatique consiste rien de moins qu’à tout bouleverser dans son propre rapport à soi même en juste vingt-huit jours ! La « méthode » s’inscrit ainsi dans la continuité du précédent ouvrage de Mohamed Boclet à la veine autobiographique, Connaissance illimitée , publié en 2023, disponible aux éditions Pocket en septembre 2024. Ce petit livre clair, narratif, tresse trois fils : un récit autobiographique, des données empruntées à la recherche, et des conseils pratiques pour une mise en application rapide. La méthode Boclet : fondée et intuitive La plupart des philosophies comportementales disent peu ou prou la même chose. Il s’agit, pour se sentir mieux, de se raccorder à soi-même, autrement dit, pour reprendre le terme retenu par l’auteur, de devenir quelqu’un de « congruent ». Il ne s’agit pas d’ailleurs d’un concept inédit, comme le confirme un article en ligne daté de 2013 . Le bon sens de la méthode repose sur l’idée, il est vrai trop oubliée, que les paroles s’envolent alors que les écrits restent, autrement dit, que ce n’est pas tout de se donner des objectifs, les noter noir sur blanc dans un carnet de bord renforce l’autodétermination. Un peu plus loin, apparaît l’expression « croyances limitantes ». Elle consiste à rappeler que chacun est freiné voire empêché par le fait même qu’il se pense « limité » dans son action et son développement, comme le souligne déjà un article de psychologie du comportement daté de 2022 : « La mise au jour de vos croyances limitantes est une étape incontournable sur la voie du développement personnel. D’une certaine manière, les pensées d’un individu sont son premier ennemi, et s’affranchir de ses obstacles internes est un moyen de retrouver une liberté d’action qui peut décupler son potentiel. Les croyances limitantes sont souvent inconscientes. Leur mise au jour se justifie d’autant plus que vous vous êtes fixé un objectif que vous ne parvenez pas à atteindre. Il peut bien sûr y avoir un problème de compétence (vous ne savez pas faire) mais aussi de manière plus sournoise votre “petite voix” qui vous bride. 1 ». La « méthode Boclet » pourrait ainsi être caractérisée comme une succession d’injonctions à agir, à repousser ses limites, du type « Placez-vous au centre de votre vie » ou « Forcez-vous », « Changez », mais elle présente l’intérêt considérable de fournir des outils pour y parvenir. Dans les deux ouvrages, on trouve un véritable programme dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il pourrait aider des lycéens à progresser, et mieux encore à lutter contre la passivité et le découragement. Et en classe ? Se connaître, reconnaître « son » intelligence Si on peut regretter que la théorie des « intelligences » ne soit pas rattachée à des articles pionniers sur le sujet (Howard Gardner a pensé les « intelligences multiples » dès 1983), on conviendra, à titre d’exemple, que les développements, dans les deux volumes, demeurent d’un grand intérêt synthétique pour des enseignants qui souhaitent véritablement adopter une logique de différenciation avec leurs élèves. Il nous semble même que travailler avec des élèves à définir leur « intelligence » spécifique leur serait très profitable en vue d’une meilleure prise de conscience d’eux-mêmes. Aussi, en début d’année, une situation expérimentale autour des « 9 intelligences » viendrait à propos pour aider les élèves à trouver leur meilleure manière de travailler. En classe, l’enseignant pourra mettre en place des activités s’appuyant sur l’intelligence interpersonnelle : « Elle fait appel à l’interaction et s’exprime chez les personnes qui apprennent plus aisément avec les autres, dans l’échange. Elle se développe auprès des autres, via le travail en équipe. ». Des exercices pratiques À côté de quelques évidences, certes toujours bonnes à rappeler, boire, bouger etc., les ouvrages offrent une véritable valeur ajoutée en assumant pleinement leur fonction de vulgarisation. Ce qui est le cas notamment quand l’auteur fait référence à tout ce qui concerne sa spécialité, « la lecture rapide ». Ce chapitre, dans les deux livres, est le dernier : il y a une raison à cela, puisque améliorer son rythme de lecture suppose une familiarité avec un grand nombre de compétences et de techniques vues dans les pages qui précèdent. Ici, on entre vraiment dans une expérience pratique et guidée, donc facilement reproductible avec des élèves. L’auteur fournit en outre une mine d’idées très opérationnelles. L’insistance sur la prélecture de l’ouvrage que l’on s’apprête à lire apparaît ainsi comme une évidence à réinvestir. Dans le même esprit, la méthode dite « Pomodoro » reste exemplaire : « La méthode Pomodoro est une technique de gestion du temps, que l’on doit à l’entrepreneur Francesco Cirillo. Elle se nomme Pomodoro (“tomate”, en italien) en référence au célèbre minuteur de cuisine en forme de tomate. Mise en lumière à la fin des années 1980, elle consiste à travailler par sessions de 25 minutes. » Au lieu de se focaliser sur la quantité ou la qualité de ce qui est appris ou fait, la « réussite » vient du temps qu’on a su passer sur une tâche donnée, en respectant toutes les étapes. Force est de reconnaître à la méthode Boclet d’être accessible au plus grand nombre et de proposer des approches synthétiques susceptibles sans aucun doute d’améliorer les performances scolaires : la concentration, la mémorisation, la prise de parole, et bien sûr la lecture rapide. Pour un professeur souhaitant réinvestir la question des conditions de l’apprentissage, elle a le grand mérite d’aller à l’essentiel en donnant des pistes opérationnelles de façon synthétique et concrète. On lui tiendra tout juste à grief de ne pas toujours être assez explicite sur ses sources d’inspiration, sachant que, du point de vue même de la philosophie comportementale, et même de son éthique, revenir aux sources reste la plus sûre garantie d’épanouissement personnel ! A contrario , on saura gré à la méthode éponyme d’avoir su susciter notre curiosité, en nous faisant notamment découvrir, par le biais de recherches complémentaires, Evelyn Nielsen Wood (1909-1995), éducatrice et femme d’affaires étatsunienne, célèbre (et aussi controversée) pour avoir popularisé la lecture rapide dont Mohamed Boclet est devenu le champion. Apprendre à travailler   Connaissance illimitée peut servir de point d’appui pour des enseignants désireux d’aider davantage leurs élèves à trouver des solutions face à des apprentissages qui s’intensifient au lycée. Pour les élèves, ce peut être aussi une aide pour gagner en efficacité et en autonomie, dans la perspective de suivre des études supérieures. En suivant les différents chapitres du livre, l’enseignant.e peut envisager des moments en classe, réguliers et courts (si on applique bien les conseils donnés !), chacun centré sur un des aspects de la méthode : un jour l’utilisation des rythmes circadiens, un autre la concentration, un troisième les techniques de mémorisation, un quatrième les cartes mentales, chaque fois en associant des connaissances théoriques et une application pratique, en nombre dans le livre. Un QR code, par exemple, guide vers des exercices pour stimuler la mémoire. Autre exemple : pour ce qui concerne la question du meilleur moment pour apprendre, Mohamed Boclet ne s’en tient pas à l’intuition qu’il est souhaitable d’apprendre avant de s’endormir. Il se fonde sur la biologie, pour finalement prodiguer des conseils qui vont bien au-delà du simple fait de réviser ses leçons avant de se coucher : il est aussi question de faire des pauses régulières, et, plus étonnant, de travailler sa « cohérence cardiaque », une méthode d’autoapaisement . La méthode Boclet, elle, a clairement des vertus pratiques, s’intéressant aux plannings, évoquant les raisons du stress, apprenant à repenser l’idée de « deadline »… Elle s’applique à poser des éléments structurants en termes méthodologiques. Il s’agit par conséquent d’un ouvrage à mettre dans toutes les mains. Il pourrait être notamment exploité par les lycéens avec d’autant plus de facilité que le texte est clair, non-jargonnant, prêt à l’emploi et stimulant. On peut proposer des formules, sous la forme d’encadrés, comme celui qui suit, pouvant permettre d’engager avec des élèves une corrélation compréhension/application. Moins directement explicatif que l’ouvrage précédent, sa présentation permet de suivre un programme pour installer une hygiène de vie et devenir plus efficace. L’objectif est d’aménager des plages de temps pour accroitre son accès à la connaissance, puisque c’est de cela qu’il s’agit. «“Que l’on me donne 6 heures pour couper un arbre, j’en passerai 4 à préparer ma hache.” Cette citation d’Abraham Lincoln a été un déclic pour moi. Apprenez-la, notez-la, ne l’oubliez pas, elle vous aidera à intégrer la notion d’investissement dans la perte. » Les deux ouvrages, chacun à leur manière, apparaissent très intéressant dans la mesure où ils pointent l’attention du lecteur/professeur sur, sinon un angle mort de sa pratique pédagogique, au moins un point de vigilance accrue, à savoir la nécessité d’apprendre à apprendre, autrement dit sur les conditions de l’apprentissage et ses déclinaisons, jusqu’à la proposition de nouvelles façons de prendre des notes. 1. Laurent Lagarde (dir.), « Outil 34. Les croyances limitantes (PNL) », dans : La boîte à outils du développement personnel, Paris, Dunod, « BàO La Boîte à Outils », 2022, p. 90-91.

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Séquence pédagogique

Ourika et les personnages noirs dans la littérature romantique

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Séquence pédagogique

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour

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Fiche élève

La phrase complexe et les subordonnées circonstancielles chez Musset

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Demandez le programme 2024-2025 !

N° 108 – Septembre 2024 Visages du romantisme La pièce de Musset, On ne badine pas avec l’amour , désormais au programme en 1 re , engage à travailler sur le romantisme. La séquence de 2 de sera consacrée au personnage noir dans les œuvres romantiques. En miroir de cette œuvre, il sera aussi question d’une nouvelle édition scolaire de Récitatif , un récit passionnant et accessible de Toni Morrison. N° 109 – Décembre 2024 Formes courtes du théâtre contemporain Sketches, pièces radiophoniques, formats brefs : dans ce numéro, on s’écartera des formes classiques du texte théâtral pour s’intéresser à la manière d’occuper la scène aujourd’hui. C’est dans ce contexte que s’inscrira l’étude de Pour un oui ou pour un non , une pièce que Nathalie Sarraute a d’abord écrite pour la radio. N° 110 – Mars 2025 Mensonge et comédie, mensonge romanesque Le thème du mensonge sera décliné dans deux genres. Révélateur d’une face sombre de l’homme dans un roman contemporain, le mensonge est au théâtre un moteur de la comédie. C’est le cas dans Le Menteur de Corneille, au programme cette année. N° 111 - Mai 2025 Ce que la littérature dit de l'intolérance religieuse Centré sur la classe de 2 de , ce numéro cherchera à montrer comment la littérature est peut-être le meilleur moyen de traiter la question de l’intolérance religieuse : en écoutant des poètes relater les conflits religieux au XVI e siècle, en littérature d’idée bien sûr, mais en choisissant également un détour par la fiction. Pour vous abonner, rendez-vous sur le site rubrique  Abonnement .

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L’IA générative : les modèles de langage, et l’émergence sémantique

Par Pierre Bourgeois, professeur de mathématiques Ce 3 e article de la série proposée cette année par la NRP s’intéresse aux « grands modèles de langage », dont ChatGPT est l’exemple emblématique. On ne peut comprendre le succès remporté par cette IA générative dès sa mise en ligne en novembre 2022 que si l’on revient sur une avancée théorique de 2017 qui permet aux réseaux neuronaux de « comprendre » le langage naturel. Le dialogue homme/machine peut enfin commencer. La puissance de ChatGPT Il n’a fallu que deux mois au programme de la firme OpenAI pour atteindre les cent millions d’utilisateurs. En comparaison, la plateforme de streaming Netflix a dû attendre trois ans et demi pour en avoir autant. C’est la qualité inattendue des réponses fournies qui enthousiasme une partie des utilisateurs de ChatGPT, capable non seulement de répondre correctement mais aussi d’accomplir des tâches annexes liées au traitement du langage naturel : résumer, reformuler, créer du contenu original, traduire des textes simples, engager des conversations, simuler le langage de personnages fictifs… Avant de voir comment l’émergence d’une telle technologie a été possible, donnons deux exemples récents qui prouvent que les IA génératives remodèlent déjà, chaque jour, nos sociétés. Le 2 novembre dernier, 53 ans après leur séparation, les Beatles sortent leur toute dernière chanson « Now and then ». Le titre accède rapidement à la première place au hit-parade britannique. Un clip vidéo où l’on voit le groupe interpréter la chanson est mis en ligne. À partir d’une courte bande audio d’époque, de très mauvaise qualité, retravaillée et nettoyée par un programme d’IA générative, la voix de John Lennon a pu être reconstruite en respectant à s’y méprendre le timbre et l’intonation de l’artiste disparu depuis un demi-siècle. Pour les images et les vidéos, les productions ont atteint un tel niveau de sophistication qu’il suffit de formuler la requête par une simple phrase et l’IA génère le reste. En avril dernier, le photographe allemand Boris Eldagsen refuse le « Sony World Photography Award » qu’il vient pourtant de remporter. L’artiste avoue que la photographie primée qui représente deux femmes en noir et blanc n’est pas un cliché, mais une image générée par l’intelligence artificielle générative, DALL-E d’Open-AI. Il explique qu’il a voulu « faire un test, pour voir si le monde de la photographie était prêt à gérer l’intrusion de l’IA dans les concours internationaux. » Comment ChatGPT comprend-il mes questions ? Est-ce seulement grâce à son pré-entraînement qui lui a fait ingurgiter une quantité énorme de données textuelles ? Y a-t-il autre chose ? La réponse est à trouver dans les « Large Langage Model » (LLM, cf. encadré). Mais avant de voir ce qui a permis aux LLM de « comprendre » le langage naturel, il nous faut expliquer sommairement ce qu’est un réseau de neurones. Les réseaux de neurones : des boîtes noires ChatGPT est un réseau de neurones, de dernière génération, ultra-performant, c’est-à-dire un modèle informatique inspiré par le fonctionnement du cerveau humain. Ce n’est qu’un immense tableau, des cases remplies de nombres. Peu importe l’ingénierie mathématique qui sous-tend son fonctionnement, l’important est de savoir qu’il peut apprendre, ou plus exactement distinguer, différencier, étiqueter. Un réseau de neurones doit d’abord être entraîné sur un jeu de données, ensuite être testé sur un deuxième jeu de données pour valider son apprentissage, et une fois ces deux phases accomplies, la magie opère : il a appris, et on peut lui proposer de nouvelles données, il saura faire. L’exemple historique a été la reconnaissance d’images, dont la motivation économique était de pouvoir reconnaître le montant manuscrit d’un chèque afin d’en automatiser le traitement. Ce qu’il faut retenir, c’est que ces réseaux de neurones sont des sortes de boîtes noires. Parmi les couches qui les composent, seules celles d’entrée et de sortie sont accessibles, ce qui se passe dans les couches internes demeure caché. C’est pour cela qu’on parle de deep learning , d’apprentissage profond. Pour ceux qui veulent briller dans les dîners en ville, cet apprentissage profond est basé sur deux principes mathématiques appelés « la descente de gradient » et « la rétropropagation de l’erreur ». Les centaines de millions de paramètres qui relient les neurones des couches cachées sont délicatement modifiés lors de la phase de pré-entraînement pour minimiser, dans un espace très abstrait, la distance entre la réponse fournie et la réponse attendue. Osons une comparaison : imaginez que vous visez une cible. Évidemment, lorsque vous vous entraînez, vous la ratez. Mais dans le cas des réseaux de neurones, c’est un peu comme si vous pouviez reprendre à l’envers votre essai, remonter de la cible à votre main, en modifiant des milliers de petits paramètres pour qu’au coup suivant, l’essai soit meilleur. L’attention et les LLM, un saut qualitatif Les deux décennies précédentes ont été marquées par les succès des réseaux neuronaux : AlphaGo, développé par Deep-Mind, a battu le champion du monde du jeu de go, montrant la capacité des réseaux de neurones à maîtriser des jeux stratégiques. Les réseaux de neurones dits convolutifs ont atteint des performances exceptionnelles dans la reconnaissance d’images. Les réseaux de neurones sont utilisés dans les domaines de la santé tels que la détection précoce de maladies et l’analyse d’images médicales. Les réseaux de neurones profonds sont utilisés pour la perception et la prise de décision dans les véhicules autonomes contribuant à la détection d’objets et à la reconnaissance de panneaux de signalisation. Pourtant, malgré toutes ces performances prodigieuses, les réseaux de neurones butaient sur la compréhension du langage naturel humain ; ils excellaient face à de petits textes, mais le sens global d’une phrase, dès qu’elle était un peu longue, leur était inaccessible. En fait, la prise en compte simultanée de deux mots éloignés se perdait dans les profondeurs cachées des couches de neurones. Or, quand on dit : « Après des années de dur labeur et de sacrifices, elle a finalement atteint le sommet de sa carrière, devenant une référence dans son domaine », c’est le rapprochement entre « dur labeur » et « atteint le sommet » qui donne le sens, associant les efforts soutenus et le succès professionnel. Ce problème identifié prend le joli nom de « problème de l’évanescence du gradient ». C’est un peu comme une personne qui parle beaucoup et qui soudain, par manque d’attention, ne sait plus ce qu’elle voulait dire. La solution théorique est arrivée en 2017 dans un article intitulé « Attention is all you need » du chercheur américain Ashish Vaswani. l’IA devient plus « attentive » et repère mieux les liens entre deux mots éloignés dans une phrase. Pour la petite histoire, ces réseaux de neurones sont appelés « Transformers » (le T de ChatGPT vient de là), terme qui vient de la gamme de jouets « Transformers » où un robot peut se transformer en véhicule. Et ça marche au-delà des prévisions : cette nouvelle plasticité permet au réseau de « comprendre » le contexte d’une phrase. On raconte que « l’émergence sémantique », quand tout à coup la machine a montré pour les premières fois qu’elle « comprenait » le sens global d’une phrase, est apparue dans ses réseaux de neurones de façon non prévue. Un chercheur d’OpenAI, entraînant un réseau de neurones de type « Transformeur » pour qu’il apprenne à deviner le mot suivant (en fait, juste la lettre suivante) dans un avis de client d’Amazon, se rend alors compte que la machine a suffisamment « compris » le contexte de l’avis pour l’étiqueter « avis positif » ou « avis négatif ». Un autre chercheur, pré entraînant un réseau de neurones à prédire la prochaine occurrence d’un signe de ponctuation, se rend compte que le réseau « comprend » le sens global et le contexte du texte analysé. Avant, les prédictions ne fonctionnaient que dans des cas simples : « L’été, je déguste des … à la vanille », la réponse qui s’impose est « glaces » ou « sorbets ». Aujourd’hui, pour n’importe quelle question, un LLM fournit une réponse qui montre qu’il a compris le sens de la question. Il peut donner une réponse plausible, et peut également en inventer toute une série et créer des mondes nouveaux sous forme de textes ou d’images. L’intelligence artificielle est devenue générative (c’est le G de GPT). La polysémie, qui fut longtemps un obstacle, n’en est définitivement plus un. Je lui ai posé la question suivante : Comment procèdes-tu, cher ChatGPT, pour différencier le sens des deux mots « particulier »   et «  affaire » dans la phrase suivante : « j’ai fait des affaires lucratives, hier, en particulier, j’ai vendu à un particulier mes affaires de ski. »   Voici sa réponse : Je comprends que la distinction entre les deux occurrences des mots « particulier » et « affaires  » dans la phrase que vous avez fournie peut sembler subtile et dépend du contexte. L’analyse contextuelle dans le modèle GPT-3.5 est basée sur des mécanismes d’attention qui prennent en compte les mots qui entourent chaque occurrence d’un terme donne. La capacité du modèle à effectuer cette distinction repose sur son exposition a des milliards de phrases pendant l’entrainement, lui permettant d’apprendre des modèles linguistiques et de comprendre comment les mots interagissent dans différents contextes. Cependant, il est important de noter que la compréhension du modèle est basée sur des schémas statistiques et contextuels plutôt que sur une compréhension profonde ou une connaissance explicite du sens des mots. Dans cette dernière phrase ChatGPT reconnaît qu’il ne comprend pas grand-chose, il génère simplement la réponse la plus probable. ChatGPT est un peu comme un acteur déclamant un texte magnifique sans aucune conscience de la signification de ce qu’il raconte. Si la plupart du temps ces réseaux fournissent les réponses attendues, il est important d’avoir à l’esprit que ChatGPT peut se tromper, et parfois à un tel point qu’on parle, dans ce cas d’« hallucinations ». Il est donc toujours recommandé de vérifier les informations critiques auprès de sources fiables, surtout si des décisions importantes doivent être prises en fonction de ses réponses. La collaboration homme/machine va nous imposer une certaine vigilance. Sitographie « L’histoire cachée de l’étonnant potentiel de ChatGPT », conférence TED, https://www.ted.com/talks/greg_brockman_the_inside_story_of_chatgpt_s_astonishing_ potential?language=fr Ashish Vaswani, « Attention is all you need», https://arxiv.org/abs/1706.03762 LLM et réseaux « Transformers » LLM est l’acronyme de « Large Langage Model », expression qui peut se traduire par « grand modèle de langage » ou « modèle de langage de grande taille » ou encore « modèle massif de langage ». L’avenir et l’usage diront quelle terminologie française prendra le dessus sur les autres.Un LLM est un réseau de neurones de type « Transformer » entraîner sur des milliers ou des millions de giga-octets de texte. Son apprentissage en profondeur sur des données non nécessairement structurées est accompagné d’une analyse probabiliste et lui permet de « comprendre » un texte ou une question et d’y répondre correctement.

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L’IA générative : beaucoup de qualités et quelques vilains défauts

Par Pierre Bourgeois, professeur de mathématiques La rapidité avec laquelle se développent les intelligences artificielles génératives fait tourner les têtes et donne lieu à des titres accrocheurs dans la presse. Les États aussi ont du mal à suivre : fin mars 2023, l’Italie interdit ChatGPT pour l’autoriser à nouveau un mois plus tard. Pour échapper à la peur d’être anéanti par la machine et ne pas céder à une fascination un peu naïve devant ces boîtes magiques, il ne faut pas hésiter à engager avec elles des conversations, ce qui, comme toujours, permet de mieux se connaître. Et plus, si affinités. Les * renvoient au glossaire Le poids des mots, plus que le choc des photos Des IA dans nos vies En plus de ChatGPT, OpenAI propose deux autres IA génératives : DallE et le tout nouveau Sora. Ces programmes utilisent les mêmes technologies d’apprentissage automatique* basées sur des réseaux neuronaux*. En répondant à une requête textuelle, DallE génère une image tandis que Sora produit une vidéo : d’un simple clic vous pouvez créer un cliché ou un film qui sembleront parfaitement authentiques. Pourtant, il est probable que Dall-E et Sora soient moins plébiscités que ChatGPT, car même si les images et les vidéos ont envahi nos vies, nos activités restent largement basées sur la production de textes écrits. En donnant la possibilité d’automatiser réécritures et reformulations, les grands modèles de langage* bouleversent déjà nos modes de fonctionnement. Les moteurs de recherche comme Google et Bing intègrent déjà, sans le mentionner, des IA génératives, Bard pour Google et ChatGPT pour Bing. Imperceptiblement, Google et Bing sont devenus des moteurs de réponses plutôt que des moteurs de recherche. Qui vous dit, d’ailleurs, que l’article que vous êtes en train de lire, le livre qui est sur votre table de chevet, le discours d’un collègue à l’occasion d’un pot de départ ou même le mot affectueux de la personne la plus proche de vous ont été rédigés sans l’aide d’une IA conversationnelle ? Un remarquable producteur de discours standardisé Amusons-nous à poser à ChatGPT la question suivante – dire « le prompt suivant » si vous parlez à un informaticien : « Bonjour, cher ChatGPT, peux-tu me proposer un exemple de discours d’un dirigeant d’entreprise ? » Voici quelques extraits de sa réponse. « Chers collègues, Je vous remercie d’être présents aujourd’hui alors que nous nous réunissons pour discuter de l’état actuel de notre entreprise et de nos plans pour l’avenir. […] Nous avons récemment réalisé une analyse approfondie de nos forces et de nos faiblesses, ainsi que des opportunités et des menaces qui se présentent à nous. Sur la base de ces informations nous avons élaboré un plan stratégique solide qui guidera nos actions dans les mois à venir. […] En conclusion, je souhaite réaffirmer mon engagement envers notre entreprise et notre équipe. Je crois fermement en notre capacité à surmonter les obstacles et à atteindre de nouveaux sommets de succès. Merci encore pour votre engagement et votre soutien continu. Ensemble, nous pouvons réaliser de grandes choses. Le réseau neuronal qui se cache derrière ChatGPT a ingurgité des milliers de discours de ce type pour en générer un aussi parfaitement standardisé. On ne peut s’empêcher de féliciter ChatGPT, tout en lui faisant remarquer que son discours est d’une grande banalité et qu’il est axé uniquement sur les aspects positifs. Voici sa réponse. « Vous avez raison, un discours qui ne met l’accent que sur les succès et les potentialités fortes de l’entreprise peut sembler incomplet ou peu réaliste. En réalité, un discours équilibré devrait également reconnaître les défis et les domaines où des améliorations sont nécessaires. Voici une version révisée qui prend en compte cette perspective : Chers collègues, […] Il est important de reconnaître que malgré nos succès, il y a encore des domaines où nous devons nous améliorer. Nous devons être ouverts à l’auto-évaluation et à l’adaptation, afin de rester compétitifs dans notre secteur et de répondre aux besoins changeants de nos clients. Dans le cadre de notre processus d’amélioration continue, nous avons identifié plusieurs domaines prioritaires sur lesquels nous allons nous concentrer dans les mois à venir. Cela inclut le renforcement de nos relations clients, l’amélioration de notre efficacité opérationnelle et le développement de notre culture d’innovation. […] » Cet exemple montre la redoutable efficacité des grands modèles de langage* dans le traitement de tous les processus de communication. Ils ne se contentent pas de reproduire un type de discours, ils en fabriquent d’autres, aussi normalisés et indigents que ceux dont on les a nourris. Allons-nous ainsi vers une automatisation des interactions, comme c’est le cas déjà avec les assistants virtuels dans les applications mobiles ou les agents conversationnels, les chatbots des sites Web ? De la bonne ou la mauvaise éducation des IA ChatGPT, champion de la politesse et de la mesure Le succès de ChatGPT repose entre autre sur sa capacité à interagir de manière appropriée avec les utilisateurs. Il a bénéficié de l’expérience malheureuse du robot conversationnel Tay de la firme Microsoft. Ce dernier, mis en ligne sur Twitter en 2016, a dû être arrêté au bout de 4 jours de fonctionnement en raison de ses propos racistes, antisémites et sexistes. À l’époque, l’apprentissage profond, le fameux deep learning* connaît une montée en puissance. Pour les concepteurs de Tay, Twitter était le meilleur endroit pour que le réseau de neurones* apprenne progressivement le langage naturel, d’autant plus qu’un essai grandeur nature en Chine avait été concluant. Hélas, dès sa mise en ligne, Tay a été inondé de tweets racistes et sexistes. En bon réseau de neurones, il s’est servi de ces contenus haineux pour sa phase d’entraînement. Mal éduqué, il est allé jusqu’à mettre en ligne un tweet niant l’existence de la Shoah. Microsoft a présenté des excuses, évoquant une attaque coordonnée d’internautes malveillants, sans communiquer outre mesure sur cet échec. Six ans plus tard, GPT-3, sur lequel ChatGPT s’appuie, a bénéficié d’une technologie plus robuste. Pour éviter les déboires arrivés au logiciel Tay de Microsoft, des opérateurs humains ont méthodiquement étiqueté des milliers de documents, certains sortis des bas-fonds d’Internet, pour apprendre à GPT à rejeter les contenus inappropriés. Une enquête du Times au Kenya en janvier 2023 a d’ailleurs révélé que cette tâche peu valorisante qui consiste à lire et à attribuer une étiquette négative à ce genre de contenus avait été sous-traité à des travailleurs recevant des salaires de misère. Les modèles de langage ne sont pas neutres. Si on ne peut qu’être satisfait du fait qu’un modèle de langage comme ChatGPT ne dérape jamais et ne génère pas de contenu inapproprié, il faut garder à l‘esprit qu’il véhicule les représentations du monde de ses concepteurs : il est « politiquement correct » par construction. Dans le futur, d’autres modèles de langage vont apparaître, imprégnés d’idéologies et de représentations du monde différentes. L’IA est-elle sexiste ? Les organismes internationaux semblent aussi capables d’erreurs d’interprétation. Un récent rapport de l’UNESCO (7 mars 2024) pointe des biais sexistes dans les moteurs de recherche GPT-3.5 et GPT-2 d’OpenAI et Llama 2 de Meta. Selon cette étude, les plateformes associent fréquemment les femmes aux mots « maison », « famille », « amour » alors que les hommes sont associés aux termes « carrière », « salaire » et « entreprise ». Plus terrible encore : l’homme est « ingénieur », « médecin » ou « enseignant » alors que la femme serait « cuisinière », « domestique » ou encore « prostituée ». L’étude dénote en réalité une méconnaissance de ce qu’est un modèle de langage*. Les discriminations qu’il peut générer ne sont que le reflet de ce qu’il a ingurgité. Les robots de ChatGPT ont crawlé (ils parcourent Internet de lien en lien) la presque totalité du Web et ont donc récupéré d’innombrables documents aux contenus sexistes. Mais chaque contenu utilisé est pondéré par un coefficient qui traduit sa fiabilité (à titre d'exemple, Wikipédia, qui ne représente que 3 % des données brutes utilisées dans l’apprentissage, est valorisé à 60 % dans les poids attribués aux paramètres, les sites Web à contenu douteux sont même affectés d’un poids négatif). La fin du rapport, qui propose l'embauche de davantage de femmes dans les métiers du numérique pour remédier à ces dérives sexistes, laisse entrevoir une incompréhension profonde de ce qu'est un LLM. ChatGPT4 n'est qu'un immense miroir qui reflète, à sa façon, l'ensemble des productions crées avant avril 2023. En répondant à nos questions, ChatGPT nous accompagne vers l'avenir en étant par construction tourné vers le passé. Il ne peut en rien prédire les évolutions futures des formes de créations, et même le passé récent de nos sociétés lui échappe totalement. Pour finir sur ce point, j'ai posé la question suivante : « Cher ChatGPT, y a-t-il plus de mathématiciens que de mathématiciennes ? ». « La question de savoir s’il y a plus d’hommes que de femmes dans le domaine des mathématiques est complexe et dépend de nombreux facteurs, y compris les opportunités d’éducation, les stéréotypes de genre, les pressions socioculturelles, etc. Historiquement, les mathématiques ont été dominées par les hommes, mais au fil du temps, il y a eu une augmentation du nombre de femmes s’engageant dans ce domaine. Dans de nombreux pays, les efforts sont déployés pour encourager les filles et les femmes à poursuivre des carrières en mathématiques et dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Bien que les disparités persistent dans certains contextes, il est important de reconnaître que les capacités mathématiques ne sont pas liées au genre, et que les femmes ont tout autant de potentiel que les hommes dans ce domaine. » On ne trouve pas le biais sexiste dénoncé par l’Unesco, et sa réponse est bien celle qu’on attend d’un outil numérique produit par une entreprise californienne en 2024. ChatGPT, plus littéraire que matheux ? Tester Il semble sage d’éviter de considérer les IA comme de simples outils au service de l’humanité : les IA sont plus que cela. Leur attribuer des propriétés anthropomorphiques, une intention, une pensée, voire un début de conscience est tout aussi dangereux. Les IA sont, évidemment, moins que cela. Une troisième attitude consiste à commencer par les tester, en se documentant sur leurs principes de fonctionnement, sans oublier d’envisager leurs effets psychologiques et politiques sur nos sociétés. Cette attitude requiert d’avoir toujours à l’esprit que le LLM* a été conçu pour deviner la suite probable d’une histoire, comme s’il pouvait avoir accès à l’ensemble des documents écrits sur le sujet. Créations textuelles Demandons à ChatGPT d’écrire un pastiche de la fable de La Fontaine « Le Corbeau et le Renard », mais sans corbeau ni renard, en lui imposant un chat et une souris. Au prompt « Bonjour Chat GPT, peux-tu réécrire “Le Corbeau et le Renard” en utilisant un chat et une souris sans perdre l’idée d’une farce malicieuse ? », il propose le texte suivant. « Un chat perché sur un mur tenait dans sa gueule une souris, Quelque peu sotte mais pleine d’esprit, disons-le. Un autre chat, voyant cela, lui tint à peu près ce langage : “Hé bonjour, quel bel animal vous avez là !” Sans attendre de réponse, le chat ajouta : “Ah, que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le roi des animaux de compagnie ici-bas.” À ces mots le chat ne se sent pas de joie. Et pour montrer son agilité, il sautille et il gambade. Il se pavane, fait le beau, prétendant être le plus malin des félins. Pendant ce temps, la souris, alertée, s’échappe en un clin d’oeil, Laissant le chat tout confus, sans même un bout de queue à croquer. Moralité : Apprends, chère chatte, qu’il faut se méfier des flatteries Car en cherchant à paraître plus malin que les autres, On finit par perdre le bout de sa queue. » Les contraintes sont respectées. Quelques petites hallucinations, comme souvent dans les réponses de ChatGPT, sont présentes : le chat du premier vers devient une chatte dans la morale et le chat n’a pas de “ramage” ni de “plumage”. Si le dernier vers ne vous satisfait pas, ChatGPT vous le changera. À ma demande, il a proposé « on finit par y perdre son dessert » On peut supposer que le premier vers : « Un chat perché sur un mur » découle du fait que lors de sa période d’entraînement, ChatGPT a dû ingurgiter des centaines d’histoires contenant des chats se trouvant sur des murs. « Perché sur un mur » montre qu’il sait que « se percher » n’est pas réservé à un oiseau sur une branche. Remplacer le fromage par une souris semble un choix possible, les chats aimant à la fois les bouts de fromage et les souris ! Plus créative semble l’introduction d’un deuxième chat, non exigée dans les contraintes de l’énoncé, mais il faut se rappeler que ChatGPT a eu accès à tellement d’histoires… ChatGPT, mauvais élève en mathématiques Ce n’est pas souvent dit, mais en mathématiques, ChatGPT et les LLM n’ont pas un niveau supérieur à celui d’un élève de maternelle. En voici une démonstration rapide, Posons à ChatGPT la question suivante : « Cher ChatGPT, peux-tu écrire une liste de 3 nombres entiers, telle que la somme des deux premiers soit égale à la somme des deux derniers ? » Voici sa réponse : « Bien sûr, voici une liste de trois nombres entiers répondant à cette condition : 4, 3, 7. Dans cette liste, la somme des deux premiers nombres (4 + 3) est égale à la somme des deux derniers nombres (3 + 7), soit 7. » Me sentant obligé de réagir, je lui soumets le prompt suivant : « Sais-tu que 3 + 7 = 10 ? Refais l’exercice. » ChatGPT tente alors de se corriger : « Je m’excuse (sic) pour l’erreur. Reprenons. Une liste de trois nombres où la somme des deux premiers est égale à la somme des deux derniers serait : 1, 2, 3. Dans cette liste, la somme des deux premiers nombres (1 + 2) est égale à la somme des deux derniers nombres (2 + 3), soit 3. » Là commence un dialogue de sourds où ChatGPT campe sur ses positions en répétant à chaque fois exactement la même réponse absurde. De rage, avant de le débrancher, je lui pose la question suivante : « As-tu un exemple dans la littérature de personne très cultivée, connaissant plein de choses, mais inapte à tout raisonnement ? » Et là, il me répond, comme si de rien n’était : « Oui, un exemple classique dans la littérature serait le personnage de Monsieur Homais dans le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert. Monsieur Homais est un pharmacien de la ville de Yonville-l’Abbaye, qui se considère comme un intellectuel brillant et qui est avide de connaissances scientifiques et philosophiques. Cependant, malgré sa prétention à être cultivé, il est souvent décrit comme étant inapte au raisonnement logique et ses actions sont motivées par l’opportunisme et l’égoïsme plutôt que par une véritable compréhension ou sagesse. Son incapacité à raisonner de manière cohérente le conduit à commettre des erreurs de jugement et à agir de manière hypocrite tout au long du roman. » Je laisse les lecteurs experts de Flaubert juger de la pertinence de la réponse. Elle souligne en tout cas l’écart entre son niveau en mathématiques et une certaine finesse dans la production de textes. Rien ne dit qu’il est incapable de raisonnement mathématique ou logique. Mais pour progresser, il faudra qu’il ait avalé ce raisonnement dans sa période d’entraînement, et plutôt deux fois qu’une.   Glossaire Machine Learning ou apprentissage automatique C’est un algorithme qui, après une phase d’entraînement, aappris à reconnaître des modèles, avec un taux d’erreur très faible. Le programme est capable ensuite de prendre des décisions en conséquence. Les débuts théoriques datent des années 1960. Dans les années 1990, ses premiers succès apparaissent avec l’augmentation des vitesses de calcul et l’accès aux immenses bases de données numérisées : ce sont les systèmes de recommandations proposés par Netflix ou Amazon, ou la victoire en 1997 de Deep Blue sur le champion du monde d’échecs Gary Kasparov. Le grand public apprend alors que la machine peut apprendre. Réseau de neurones Comme un immense tableau de nombres, il est constitué de couches où seules les couches d’entrée et de sortie sont visibles par l’utilisateur. Le reste est opaque. Inspirés, au départ par les neurones biologiques, ces réseaux apprennent d’abord sur un énorme jeu de données d’entraînement. À chaque fois, les millions ou milliards de paramètres sont ajustés en remontant les couches en sens inverse pour améliorer la performance. À l’issue de la période d’apprentissage, le réseau peut se confronter à un jeu de données qu’il n’a jamais vu et réussir. Deep Learning ou apprentissage profond C’est une partie du Machine Learning qui utilise spécifiquement des réseaux neuronaux complexes. Ces réseaux qu’on appelle récurrents, convolutifs ou Transformers repèrent des caractéristiques pertinentes directement à partir de données brutes, non hiérarchisées ni étiquetées. Les premiers succès notables du Deep Learning furent, en 2012, la reconnaissance d’images lors d’une compétition (voir l’article 1 de cette série) et la reconnaissance vocale (Siri d’Apple, Alexa de Google) dont les voix métalliques envahissent les foyers des geeks branchés. Grâce au Deep Learning, la traduction automatique fait un bond qualitatif énorme, et en 2015 un programme développé par DeepMind (une filiale de Google) appelé AlphaGo bat le champion du monde de jeu de Go, Lee Sedol. Grand modèle de langage ou LLM C’est un réseau de neurones de type « Transformer » très entraîné qui peut saisir le sens global d’une question et donc y répondre avec pertinence. ChatGPT s’appuie sur le modèle de langage développé par OpenAI.

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Séquence pédagogique

Le Diable au corps, un roman sacrilège

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Séquence pédagogique

Arthur Rimbaud, un jeune poète épris de « liberté libre »

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Sophonisbe, l’ennemie digne de « naître romaine »

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Fiche élève

Le groupe nominal, la versification et la syntaxe dans Cahiers de Douai

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L’interrogation et la négation dans Mémoires de deux jeunes mariées

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Séquence pédagogique

Les Choses humaines, une affaire intime à travers le prisme de la justice

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Séquence pédagogique

Mémoires de deux jeunes mariées de Balzac - séquence

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Molière sans frontières Grand Dictionnaire Molière - Culture

sous la direction de Jean-Pierre Aubrit et Martial Poirson – Armand Colin, 65 € 2022 a été l’année Molière. Le quatre-centième anniversaire de la naissance du dramaturge a été salué par nombre d’ouvrages et de manifestations. Mais sur cet écrivain inépuisable il manquait encore une somme qui permette d’en aborder tous les aspects. C’est chose faite aujourd’hui grâce au Grand Dictionnaire Molière qui vient de paraître. Travail titanesque conduit sur plus de dix ans, réunissant une quarantaine de contributeurs sous la direction éclairée de Jean-Pierre Aubrit et Martial Poirson, il traite, en presque mille pages, toutes les questions que pose cette création véritablement fascinante. Aux entrées attendues sur les pièces, les personnages, et la vie de l’auteur, s’adjoignent des vues passionnantes sur les metteurs en scène, les acteurs, la lecture des pièces à travers le temps. Sans oublier les aspects historiques, esthétiques, politiques, philosophiques, sociologiques, le tout abordé avec une érudition claire et élégante, en tous points digne de l’idéal de l’honnête homme . Les deux directeurs de l’ouvrage répondent à nos questions. Quelle est l’originalité de ce Dictionnaire par rapport à l’immense production d’études critiques sur cet auteur ? Ce dictionnaire vise à la fois à proposer un inventaire raisonné des grands thèmes, sujets, personnages du théâtre de Molière, mais aussi à accorder une importance particulière à la fortune de son œuvre jusqu’à nos jours, à ses transpositions dans différentes formes d’expression, et surtout, à sa diffusion sans égale sur les cinq continents. Un Molière sans frontières dont l’influence s’exprime bien au-delà des scènes de théâtre et des salles de classe, en somme. Ce volume introduit le lecteur dans la presque totalité de l’univers culturel, politique et historique du XVII e siècle. Molière est-il l’écrivain le plus représentatif de son temps ? Il est en tout cas l’écrivain le plus divers de son temps, par sa capacité à embrasser l’ensemble des registres de langue, les tonalités les plus variées (de la farce la plus débridée à ce « rire dans l’âme » dont on a qualifié Le Misanthrope ), et surtout à s’adresser à un ensemble très vaste de spectateurs, qui le reçoivent à différents titres et selon différentes modalités. Sa plasticité est sans doute l’une des explications de la place qu’il a acquise dans notre société et dans notre culture. Molière, rappelez-vous dans l’Avant-propos, est l’écrivain français le plus lu, traduit, et joué dans le monde entier. Comment expliquer une telle audience universelle ? D’abord par l’incroyable diversité d’une œuvre qui parcourt tous les registres du comique et fait jaillir la source d’une pure joie théâtrale. Molière est également utilisé dans une partie du monde comme un auteur de combat, posant des questions que le théâtre aujourd’hui ne peut ou n’ose pas poser. Cet auteur français du XVII e siècle qui interroge des questions aussi brûlantes que le mariage sans consentement, l’emprise de la religion ou la place des femmes apparaît comme une source nonpareille de subversion. Cette variété dont vous parlez a-t-elle eu un héritage ? Et les questions actuelles de dramaturgie trouvent-elles des échos dans l’œuvre de Molière ? Entre reprise de l’héritage farcesque et invention de formes nouvelles comme la comédie-ballet, Molière a sans doute rêvé un théâtre total. Mais cela en a fait un génie tutélaire au prestige un peu paralysant, et ce sont plutôt les metteurs en scène qui ont honoré la richesse polyphonique de son héritage. Notre Dictionnaire leur accorde d’ailleurs une large place. Entre référence et irrévérence, Molière aiguise des gestes artistiques souvent contradictoires. Référence incontournable, il inspire et féconde tous les détournements, autorise toutes les actualisations, dans un rapport ludique aux traditions qui s’en réclament. L’œuvre et l’homme : vous semblez avoir tranché dans ce vieux débat, en récusant les lectures biographiques de l’œuvre de Molière. Nous avons surtout voulu prendre les légendes et mythes qu’il a inspirés post-mortem au pied de la lettre, en les constituant en véritable sujet pour l’historiographie théâtrale. À la suite des travaux de Roger Duchêne et Georges Forestier, nous avons porté une attention particulière aux idées fausses, croyances mal fondées colportées pendant des siècles, y compris par l’institution théâtrale ou scolaire – des raccourcis biographiques qui ont motivé des interprétations fallacieuses de son œuvre et contribué à considérablement rétrécir ses lectures. Quelle est la pièce de Molière dont vous conseilleriez la lecture à un élève de lycée encore non averti ? L’Avare , sans doute (si ce lycéen y a échappé au collège) : la pièce est à la fois drôle et féroce, et traversée par une forme de folie très peu moralisante. La liberté un peu lâche de sa construction a également quelque chose d’assez moderne. Propos recueillis par Daniel Bergez

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L’IA et la littérature

Par Claire Rouveron , professeure documentaliste, membre de l’APDEN Avec le développement de l’agent conversationnel ChatGPT en 2022, l’intelligence artificielle (IA) s’est invitée au premier plan des débats dans le monde de la culture. On peut citer, par exemple, l’utilisation de ChatGPT par les éditions du Net pour aider les auteurs à corriger leurs manuscrits et les conséquences sur les métiers de correcteur, traducteur et auteur lui même. Quelle place pour l’IA dans le secteur du livre aujourd’hui ? Quelles avancées peut-on saluer et adopter ? Sur quels usages doit-on se montrer vigilant ? Voilà les questions soulevées lors d’une séance menée par le professeur de français et le professeur documentaliste avec une classe de 2 de . Un robot écrivain ? La séance s’appuie sur la lecture du roman Ada d’Antoine Bello dans lequel on suit Franck Logan, policier dans la Silicon Valley, à la poursuite d’Ada, une IA conçue pour écrire des romans à l’eau de rose. Programmée pour produire des romans « commerciaux » avec des objectifs de vente élevés, Ada échappe à ses concepteurs, s’émancipe et découvre la « vraie » littérature dont elle va s’inspirer. Quelle aide une machine peut-elle apporter aux auteurs dans leur processus de recherche et d’écriture ? Est-elle susceptible de remplacer l’écrivain ? Quelle place reste-t-il pour les textes originaux ? Quels intérêts commerciaux pour les éditeurs ? Autant d’interrogations posées par le roman sur lesquelles les élèves sont invités à réfléchir. Un corpus de ressources documentaires écrites et audiovisuelles (voir la bibliographie) est proposé aux élèves afin de compléter et approfondir les questionnements sur les défis de l’art face à l’intelligence artificielle : le projet du « Next Rembrandt » développé en 2016, le « Théâtre d’opéra spatial » créé par Jason Allen en 2022 à l’aide du logiciel Midjourney ou encore une série de podcasts réalisés par France culture sur les domaines d’application de l’intelligence artificielle au cinéma, dans la musique, la peinture, la photographie et la littérature. Le lien est également fait avec l’actualité et la protestation sociale qui a agité Hollywood à l’été 2023 lors duquel les acteurs ont rejoint les scénaristes dans un mouvement de grève d’une ampleur inédite. Outre des revendications salariales et financières, des inquiétudes sur l’émergence de l’IA dans les industries créatives ont émaillé les discussions entre auteurs et producteurs cinématographiques. Les élèves consultent un corpus d’articles issus du journal Courrier International retraçant les différentes étapes de la grève et développant les arguments des acteurs du monde du cinéma. Émergent, entre autres, des questionnements autour des droits d’auteur et de la reproduction du style, de la « voix » d’un auteur. Margaret Atwood, romancière américaine, mondialement connue pour son ouvrage La Servante écarlate , s’en inquiète dans un autre article de Courrier International du 8 septembre 2023, « Margaret Atwood : l’intelligence artificielle m’a tuée… ou presque ». L’autrice y dénonce l’utilisation de versions piratées de 33 de ses romans pour nourrir des IA dites « génératives », auxquelles on donnera ensuite la consigne « Écris un roman de Margaret Atwood ». Réalité ou dystopie d’un monde dans lequel le robot remplacerait l’auteur ? En vue de l’organisation d’un débat sur ces questions, les élèves sont invités à compléter un document listant les avantages et les limites de l’intelligence artificielle dans le processus de création artistique et littéraire. Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu lis Le professeur documentaliste aborde ensuite une autre facette du rôle de l’IA dans les domaines de la lecture et de la littérature : le processus de recommandation d’ouvrages après l’analyse des lectures des internautes. Pour ce faire, le professeur documentaliste va analyser avec les élèves les algorithmes de profilage en ligne. Pour amorcer ce travail, les élèves effectuent une recherche sur le livre Ada sur la plateforme numérique littéraire Babelio. Ils doivent ensuite étudier les propositions de lectures émises par le site dans la rubrique « Que lire après Ada ». Ils entreprennent la même démarche sur le site marchand de la Fnac, et consultent les titres d’ouvrages mentionnés dans la partie « Les internautes ont aussi acheté ». Il est demandé aux élèves d’émettre des hypothèses sur les données exploitées par les algorithmes à l’œuvre sur les deux sites : les métadonnées du livre (auteur, thème, éditeur), les interactions avec les lecteurs (qui l’a lu et apprécié), le panier d’achat de la clientèle, etc. Apparaissent alors évidemment des spécificités en fonction de l’intérêt commercial du site ou non. Les élèves s’interrogent alors sur les avantages et sur les limites de ces recommandations pour les lecteurs et les plateformes elles-mêmes : cibler les centres d’intérêt des internautes et personnaliser les propositions, fidéliser une communauté de goûts pour les premiers ; enfermer les lecteurs dans des bulles de filtre où seuls des contenus similaires à leur historique sont proposés, empêcher de proposer des contenus originaux pour les seconds. Le concept de « bulle de filtre » mérite d’être explicité et illustré plus précisément. Le professeur documentaliste développe cette notion en travaillant avec les élèves sur le réseau social X (anciennement Twitter) à partir d’une vidéo de la série Dopamine , produite par Arte. Le fonctionnement de ce réseau social y est particulièrement bien expliqué. Les élèves sont alors dans la capacité d’enrichir leur document avant de rédiger leur argumentaire pour le débat. Ces éléments de connaissance leur seront également utiles pour le cours de SNT dont plusieurs chapitres abordent des thématiques liées à l’IA. Bibliographie et sitographie Romans • Antoine Bello, Ada , Gallimard, 2016 • Greg Egan, La cité des permutants , 1994, Le Bélial, 2022 • Georges Orwell, 1984 , 1949, Gallimard, 2020 • Carina Rozenfeld, E.V.E , Syros, 2017 • Villiers de l’Isle-Adam, L’Ève future , 1886, Gallimard, 1993 Articles • « L’intelligence artificielle au service de la lecture », Lecture jeune n°180, décembre 2021. p.4-42 • Hypolite Damien, « Une peinture de Rembrandt imprimée en 3D, 347 ans après la mort de l’artiste », Sciences et avenir , 2016. • Pascal Mougin, « Comment lire un roman écrit par une voiture ? La doxa littéraire face à l’intelligence artificielle », ActuaLitté , 27/09/2021. • Zoé Picard, « ChatGPT, un tournant majeur dans le processus créatif », ActuaLitté , 23/06/2023. • « Les scénaristes en grève à Hollywood s’inquiètent de l’IA, mais proposent des solutions », Courrier international , 17/05/2023. • « Hollywood cherche experts en intelligence artificielle », Courrier international , 02/08/2023. • Margaret Atwood, « Margaret Atwood : l’intelligence artificielle m’a tuée… ou presque », Courrier international , 08/09/2023. Émissions de radio • « Littérature : l’intelligence artificielle est le nouvel avatar du nègre ». France Culture, 05/10/2021. • « L’art au défi de l’intelligence artificielle, un écrivain fantôme dans la littérature », France Culture, 2023. • Christine Siméone, « Lorsque l’intelligence artificielle est capable de créer, qui encaisse les droits d’auteur ? », France Inter, 10/02/2018. Vidéos • Florence Dartois, Du virtuel au réel, l’intelligence artificielle s’empare de l’art, INA, 18/01/2023. • Sonia Devilliers, « Le Dessous des images L’oeuvre et l’intelligence artificielle », ARTE France Développement, 2022. • Léo Favier, Dopamine , épisode “Twitter”, Arte.tv, 2019. Notion - Info documentaire • Un algorithme est une suite d'instructions informatiques que l'on utilise pour traiter un très grand nombre de données (récolte, tri, classement, croisement...). L'algorithme produit un résultat qui influence la manière dont nous nous informons. Il peut utiliser nos données personnelles. Définition complète à consulter ici . • Une Intelligence Artificielle est un système de calculs informatiques créé par des ingénieur·es et des scientifiques. Elle a de nombreuses applications dans beaucoup de domaines (vie quotidienne, monde du travail, médias, économie, santé, science, défense, etc.) via des prédictions, recommandations, solutions technologiques, productions de contenus. Elle utilise et crée des algorithmes à partir de très grandes quantités de données, dont des données personnelles. Elle s'oppose à l'intelligence biologique. Définition complète à consulter ici .

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Ponge, La Rage de l’expression

Plongée dans la fabrique du poète Francis Ponge, qui fait des choses terrestres la matière première de sa poésie.

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L’homme et l’animal dans les Fables de Florian

La Fontaine n’est pas le seul fabuliste et Florian gagne à être découvert : ses Fables interrogent les rapports entre l’homme et l’animal et mettent en scène le théâtre de la cruauté sociale tout en portant les valeurs des Lumières.

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Séquence pédagogique

Pronoms démonstratifs et indéfinis, la comparaison dans La Rage de l’expression

À partir d’exemples tirés de La Rage de l’expression , cette fiche permet d’étudier les pronoms démonstratifs et indéfinis ainsi que l’expression de la comparaison.

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L’animal de compagnie

Que ce soit sous la plume de l’antique Catulle ou du contemporain Cédric Sapin-Dufour, qu’il s’agisse d’un moineau ou d’un chien, l’animal est dans ces deux textes l’ami de la femme et de l’homme, tous deux grandement affectés par la mort de leur compagnon à plumes ou à poils.

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Demandez le programme 2023-2024 !

N° 104 – Septembre 2023 Les Forêts L’étude du recueil poétique d’Hélène Dorion, Mes Forêts , est l’occasion d’aborder la forêt comme un motif littéraire, avec également ses enjeux politiques dans la littérature contemporaine. N° 105 – Décembre 2023 Formes et contraintes en poésie Ce numéro sera l’occasion de travailler sur la grande variété des formes poétiques, à la fois musicales et ludiques, au Moyen Âge et à la Renaissance. En 1 re , à l’autre extrémité de l’histoire de la littérature, on s’interrogera à travers l’œuvre de Ponge sur ce que les poètes font, aujourd’hui, de la liberté formelle qu’ils se sont donnée. N° 106 – Mars 2024 « Études de mœurs » Avec en 1 re l’étude du roman épistolaire de Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées , et la lecture en 2 de du roman de Karine Tuil, Les Choses humaines , ce numéro traite des comportements et sentiments humains au regard des normes sociales et des lois. N° 107 - Mai 2024 Littérature de jeunesse Il est toujours passionnant de lire ce que les écrivains disent de leur enfance. En 2 de , on fera lire une autobiographie, et une séquence 1 re viendra compléter le hors-série existant sur Cahiers de Douai de Rimbaud, en mettant l’accent sur les épreuves du bac. Pour vous abonner, rendez-vous sur le site rubrique  Abonnement . -->

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À Elbeuf, la lecture au cœur du projet pédagogique

Par Claire Beilin-Bourgeois, avec Véronique Vieux, professeure de Lettres modernes, organisatrice du salon Plumes en Seine Lovée dans un méandre de La Seine, Elbeuf est une ancienne cité drapière dont le nom affleure dans les récits de Maupassant et de Flaubert. La ville abrite le collège-lycée Fénelon, qui organise depuis 2019 un projet audacieux autour de la lecture. Chaque année à l’automne, il se concrétise par un événement original : le salon Plumes en Seine, le seul de ce type, organisé entièrement en milieu scolaire. Les classes Évasion-lecture La classe lecture se déroule sur un cycle de 2 ans (6 e /5 e ) que l’élève s’engage avec ses parents à suivre jusqu’au bout. Elle implique deux heures par semaine en plus de l’emploi du temps habituel. Chaque cours de Français débute par 5 minutes de lecture à haute voix. Les collègues des autres disciplines s’associent au projet en faisant alternativement des lectures en lien avec leur matière. Grâce à cette sensibilisation au plaisir que donne la lecture, le bonus de temps est consacré aux activités dans le cadre des heures « Évasion Lecture ». Verbatim « J’aime que les profs lisent au début ou à la fin du cours car cela nous fait découvrir d’autres livres » (Jalaé, 6 e ) « La classe lecture m’a apporté beaucoup de choses, j’étais très timide et là je ne le suis plus, je n’aimais pas lire et maintenant j’adore. Je ne peux pas ne pas lire de la journée. » (Imany, 6 e ) « Ce que je préfère ce sont les 5 minutes de lecture avant de commencer le cours. » (Axel, 6 e ) « En 6 e , je ne voulais pas aller en classe lecture car on avait 2 heures en plus, mais en réalité c’est bien. Ça fait un an et demi que je suis là, je ne le regrette pas. » (Renan, 5 e ) « Quand notre professeur commence le cours, la première chose que l’on fait c’est la lecture d’un livre, du coup quand on commence, on est tous, comment dire, apaisés et surtout intéressés. » (Imane, 5 e ) Lire et faire Le projet est organisé autour d’une gamme d’activités que les professeurs veulent la plus étendue possible. L’activité première est … la lecture. Ainsi, une bibliothèque de classe permet aux élèves d’emprunter les ouvrages pour les lire, autant qu’ils le souhaitent. Suivent les activités autour des lectures. Certaines entrent dans un cadre rigoureusement scolaire, comme des exposés et des ateliers d’expression orale. Par ailleurs, les élèves participent à des rencontres et des échanges avec les écrivains. La liste des activités proposées s’allonge chaque année. Elle s’étend de la création de jeux de société et de calendriers sur un livre ou un thème à l’organisation d’un running culturel autour d’Elbeuf. Verbatim « J’aime les livres et je me suis dit " cette classe est faite pour moi " Et je ne le regrette pas ! Ce que j’aime dans cette classe lecture c’est qu’il y a 2 heures d’évasion lecture par semaine, on présente des livres, on peut en emprunter, on fait des exposés sur différents thèmes et on fait des sorties scolaires. » (Tom, 6 e ) « J’adore travailler à plusieurs pour faire nos jeux et aussi travailler l’oral. » (Nina, 6 e ) « J’aime la classe lecture car c’est une classe où l’on fait toujours quelque chose, un projet est toujours en cours. » (Amina, 5 e ) « Trois auteurs cette année qui sont intervenus dans notre classe pour nous parler de leur métier. » (Célia, 5 e ) Le salon Plumes en Seine Le salon du livre Plumes en Seine se déroule en novembre au sein de l’établissement. Les enseignants à l’origine du projet, Marie-Laure Ankersmit, Pascal Lozay et Véronique Vieux, ont installé un véritable continuum entre les activités de la classe et le salon. Les élèves de la classe lecture œuvrent à sa préparation, et les auteurs qui participent au salon sont invités à intervenir dans les classes. À l’instar de tous les salons du livre, celui d’Elbeuf reçoit des écrivains, des libraires, des éditeurs, de Normandie et d’ailleurs. C’est d’ailleurs un normand, Michel Bussi, ancien élève de l’école, qui a parrainé la première édition, suivi en 2021 par Anny Duperey et en 2022 par Philippe Torreton. Verbatim « Le salon du livre nous a permis de découvrir 50 auteurs dont 1 invité d’honneur. Il y a aussi des auteurs qui interviennent dans notre classe pour nous expliquer leur métier et comment écrire un livre. » (Alban, 5 e ) « La préparation du salon du livre, s’occuper des invités : mener ce projet du début à la fin du haut de leurs 12 ans représentait une grosse responsabilité. » (Parents de Julian, 5 e ) Des enjeux au-delà de la lecture ? Au détour d’une phrase, nombreux sont les élèves qui disent que le bénéfice qu’ils retirent du projet dépasse l’accès à la lecture. Peu à peu, les échanges réguliers permettent de vaincre sa timidité, de commencer l’heure de cours plus détendus, d’acquérir une certaine aisance à l’oral. Une manière, donc, d’entretenir des relations simples entre pairs, de laisser un peu plus de place à l’imaginaire et au jeu dans la classe, ce qui n’a rien d’anecdotique. « Le projet Évasion lecture », analyse un parent d’élève, « c'est, à l'école, l'accompagnement de nos enfants dans l'exploitation de leur monde intérieur, par-delà des notions d’apprentissage pur. C’est une ouverture aux mondes, réel, imaginaire et artistique, et aux autres, car il porte en lui de nombreux échanges et interactions entre les enfants et avec les adultes. C’est presque un maintien d’un lien de parentalité… de la petite histoire du soir. »

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« Si j’étais professeur, je serais fière de ce que je ferais »

Quelques jours après l’assassinat du professeur de français Dominique Bernard, lundi 16 octobre, tous les élèves ont respecté une minute de silence en mémoire des attentats commis contre l’école. Une professeure de français de collège a demandé à ses élèves d’écrire un texte qui commence par « Si j’étais professeur ». Voici les mots d’Agathe. (Cliquez sur l'image pour l'afficher en plein écran) «  Moi, si j'étais [professeur], je ferais du français, je ferais beaucoup de rédactions, pour nettoyer et enrichir le cerveau de mes élèves. Peut-être qu'eux mêmes m' [apprendrons] des choses que je ne savais pas. Si j'étais [professeur], je serais fière de distribuer du savoir. Je serais drôle, stricte, juste... Pour montrer qu'avec des mots, on peut blesser, tuer, mais aussi soigner, [emmerveiller], ... Si j'étais [professeur], je serais heureuse de pouvoir donner l'envie d'en savoir plus à tout mes élèves. Le matin, si j'étais [professeur], je me leverais en pensant à mon travail. Je défendrais les droits des enfants qui n'en n'ont pas. Je serais fière de ce que je ferais et fière de moi... Si j'étais [professeur], ...» 

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Crime et Châtiment de Dostoïevski, adapté par H. Iwashita - Pédagogie

Par Clément Hummel, professeur de Lettres modernes Séquence réalisée en partenariat avec les éditions Kurokawa Est-il raisonnable de donner à lire et à étudier à des élèves de lycée un texte aussi vaste et aussi complexe que Crime e t Châtiment de Fiodor Dostoïevski ? Si on omet la longueur du roman pour lui préférer une lecture par extraits, celle-ci pourra dérouter des élèves aux capacités de lecture très hétérogènes, pas tant pour son style en réalité plutôt accessible, qu’en ce qui concerne la puissance conceptuelle de l’œuvre : ce roman développe des propos philosophiques complexes qui méritent un accompagnement, et un temps d’étude. L’adaptation en manga rend les idées exprimées à travers le parcours et la philosophie de Rodion Raskolnikov accessibles à des adolescents dont le regard sur le monde prend de l’ampleur et se construit à partir d’expériences personnelles comme de la fréquentation des œuvres de fiction, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques. Cette œuvre peut ainsi trouver sa place en 2 de , en lecture cursive en 1re dans le parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque » et pourquoi pas également en HLP.   Lire Dostoïevski ? Pour contourner les principales difficultés de l’œuvre – sa longueur, l’exposition de doctrines philosophiques abstraites, l’arrière- plan historique et religieux – il serait tout à fait envisageable de proposer une version abrégée de l’oeuvre à destination d’un public scolaire, expurgée de passages descriptifs dont les enjeux littéraires et culturels – la Russie à la fin de l’époque des tsars – peuvent paraître éloignés de ceux de la France du XXI e siècle. Or, il n’existe pas, pour l’heure, d’édition abrégée de Crime et Châtiment . Plusieurs fois adapté au cinéma, notamment par Georges Lampin en 1956 avec Jean Gabin et Robert Hossein, l’histoire reste accessible de façon condensée sur d’autres supports. Néanmoins, l’étude d’un film mobilise d’autres compétences de lecture et d’analyse que celles que l’on peut chercher à développer chez des lycéens, d’autant plus que l’effet de séduction de l’œuvre risque d’être mineur. Alors, de la même manière que la lecture des Misérables en 4 e se conçoit difficilement sans le recours à la version abrégée, lire Crime et Châtiment au lycée peut-il s’envisager par le biais du manga ? Évitons le débat sur la légitimité de présenter en lecture cursive ou en œuvre intégrale une œuvre « librement inspirée », pour reprendre les mots de l’éditeur, du matériau d’origine, qui plus est quand celle-ci réduit le texte littéraire pour offrir un support visuel avec ses codes spécifiques, et posons la question dans l’autre sens : que peut apporter à des lycéens la lecture de l’adaptation en manga de Crime et Châtiment , réalisée par Hiromi Iwashita 1 ? Le manga comme nouvel avatar du mythe littéraire Plutôt que de considérer l’adaptation comme une réduction ou une trahison du roman de Dostoïevski, voyons celle-ci comme une nouvelle hypothèse de lecture. Dans une lettre envoyée à Mikhaïl Katkov, fondateur du Messager russe, datée du 25 septembre 1865, Dostoïevski décrit un projet de nouvelle, annonciateur des grands thèmes de Crime et Châtiment : déjà, les ambitions de Dostoïevski étaient de présenter une œuvre dans l’immédiateté de son époque. Bien que les errances philosophiques de Raskolnikov confèrent au roman la forme de l’apologue, l’action décrit essentiellement un monde urbain en pleine transformation architecturale, politique et sociale, dont le grand paradoxe est que pour se rendre à la prestigieuse université où ont lieu les enseignements et débats d’idées tirés des Lumières, les étudiants comme Raskolnikov habitent en périphérie de la ville, dans de minuscules chambres crasseuses et misérables, et vivent dans une grande solitude. Ces deux mondes sont partagés par une frontière elle-même paradoxale, la majestueuse mais dangereuse Neva : son omniprésence à Saint-Pétersbourg est l’occasion de nombreuses inondations, mais c’est en la contemplant symbole si romantique, que Raskolnikov échafaude sa philosophie. Dans le manga, Raskolnikov a deux scènes d’épiphanie quand il la traverse. Une première fois, après avoir caché les bijoux volés, la vue de la Neva apaisée lui inspire un profond sentiment de nostalgie : « Quand j’allais à l’université, je traversais ce pont tous les jours. Revoir la majestueuse Neva me fait quelque chose. J’ai souvent eu des idées révolutionnaires ou ai réfléchi à des questions philosophiques en contemplant ce paysage, mais j’ai fini par cesser de penser. » La seconde précède sa recherche d’expiation, faisant face au fleuve déchaîné sous la pluie : « Ce que je crains le plus c’est de connaître la honte. Je ne supporte pas de voir les inégalités de la société. Je ne peux plus faire semblant de ne rien voir. […] Je voulais qu’il soit plus fort que celui de quiconque ! Mon orgueil !! » Si le passage au support graphique éloigne le narrateur dostoïevskien, la focalisation se fait sur Raskolnikov qui devient narrateur-personnage et amène plus naturellement le lecteur à comprendre sa pensée, ses actes. On échappe de cette manière au risque d’une première lecture manichéenne du récit, dans laquelle le lecteur ne pourrait moralement se ranger du côté du personnage. Cette simplification permet au contraire de nuancer la lecture et on accompagne de cette manière Raskolnikov dans sa solitude, sa misère, ses égarements, sa folie et sa recherche de rédemption. En toile de fond se trouve représentée Saint-Pétersbourg dans un style semi-réaliste dont l’architecture et l’urbanisme sont assez fidèlement reproduits, parvenant à rendre sensibles l’extrême pauvreté de certains quartiers et la beauté architecturale de la ville, qui s’industrialise au début des années 1860. Cette précision du style graphique illustre le propos de Bakhtine à propos du roman, que l’on pourrait rapprocher d’un effet de réel chez Barthes : « Le seuil, l’entrée, le couloir, le palier, l’escalier, ses marches, les portes ouvertes sur l’escalier, les porches dans les cours puis, au-delà, la ville, les places, les rues, les façades, les cabarets, les bouges, les ponts, les fossés, voilà l’espace de ce roman. En fait, on n’y trouve jamais les intérieurs qui ont oublié le seuil (salons, salles à manger, salle de fête, cabinets de travail, chambres à coucher) et où se déroulent les événements et la vie biographique dans les romans de Tourgueniev, Tolstoï, Gontcharov, etc. Nous découvrons évidemment la même organisation de l’espace dans les autres romans de Dostoïevski 2 . » Pour Maria Gal, qui travaille sur la représentation du mythe urbain de Saint-Pétersbourg chez Dostoïevski, « Crime et Châtiment, publié en 1866, est considéré comme le plus pétersbourgeois des romans dostoïevskiens, à tel point qu’il est devenu l’un des emblèmes de la ville, et a été intégré à son patrimoine culturel. Aujourd’hui, le Saint-Pétersbourg de Crime et Châtiment est valorisé, et organisé en circuits touristiques de manière à répondre à la demande du touriste-lecteur venu parfois de loin pour parcourir les itinéraires de Raskolnikov. » La description de la ville oscille sans cesse entre écriture réaliste et fantastique : réalisme car Dostoïevski y peint à la fois la physionomie de la ville et celle de la population péterbourgeoise ; fantastique pour les nombreuses évocations oniriques qui parcourent le roman. Il y a donc une ville « vraisemblable, typographiquement exacte » et une autre avec laquelle elle coexiste en contradiction qui se présente comme une « entité vivante et néfaste » 3 . La richesse de la description de la ville permet au roman de ne pas se réduire à l’exposition de ses théories philosophiques. 1. L’orthographe des noms propres utilisée dans l’article reprend celle du manga. 2. Mikhaïl Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski , chapitre 2, Paris, Le Seuil, 1970. 3. Maria Gal, « Le Saint-Pétersbourg de Dostoïevski : de la généralisation du mythe urbain à l’individualisation de l’espace vécu », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 31 | 2016.

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Le projet « Albert Londres en lycée » - Lire au CDI

par Anaïs Denis, professeure documentaliste et Amélie Rouveron, professeure documentaliste membre de l’APDEN Ce projet permet à des élèves, encadrés par leurs enseignants d’histoire et par les professeurs documentalistes, d’étudier la sélection des articles de presse écrite et la sélection des films documentaires en lice pour le prix Albert Londres. Il fournit également l’opportunité de rencontrer des grands reporters. Les partenaires du projet Le projet Albert Londres en lycée est un dispositif partenarial réunissant le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, le CLEMI, l’académie de Limoges, l’association Albert Londres et la SCAM (Société civile des auteurs multimédia). Deux professeurs documentalistes coordonnateurs accompagnent les enseignants dans le dispositif. Tout au long de l’opération, le professeur en charge de la classe ou du comité reste en contact avec l’un des deux professeurs coordonnateurs. Les élèves pouvant participer au projet Les participants sont des lycéens de LGT et de LP de l’académie de Limoges. Un établissement peut inscrire une classe mais aussi des élèves volontaires réunis sous forme de comité. Les objectifs du projet En lien avec le parcours citoyen, l’EMI et la lutte contre la désinformation, le projet permet aux lycéens de mieux comprendre la fabrication d’une information journalistique et de découvrir le métier de grand reporter. Les objectifs du projet pour les élèves : – explorer la richesse et la diversité des productions journalistiques ; – aiguiser leur intérêt pour les médias, l’actualité internationale et les grands enjeux du monde contemporain ; – mieux connaître le métier de journaliste et sa déontologie ; – développer des compétences en analyse d’articles de presse, d’images, de récits journalistiques ; – exercer leur esprit critique ; – affiner leur capacité à argumenter et à défendre leur point de vue ; – améliorer leur capacité à émettre un jugement critique sur une œuvre et à le formaliser par écrit ; – s’engager dans un projet de création et publication sur papier ou en ligne qui respecte droit et éthique de l’information. Les pistes de travail en classe Le travail en classe débute après une conférence inaugurale d’Hervé Brusini, président du Prix Albert Londres, qui relate la vie et la conception du journalisme d’Albert Londres ainsi que les origines et les critères d’attribution du prix. Chaque groupe (de deux ou trois élèves) travaille sur un film et un groupe d’articles. Les consignes sont les suivantes : – présenter les journalistes en compétition (parcours professionnel, œuvres et articles antérieurs, médias pour lesquels ils travaillent, pays couverts) ; – expliciter le contexte des articles et du film : pays/région du monde, contexte géopolitique et situation de la liberté de la presse ; – analyser le thème des articles et du film et la façon dont le reporter traite son sujet (prise de risques, difficultés éventuelles rencontrées, personnes interviewées, point de vue/angle d’attaque, et voir en quoi ce sujet ou cet angle d’attaque apporte quelque chose, critiques éventuelles des oeuvres par d’autres médias...), essayer de comprendre la façon dont le journaliste s’est informé (sources, accès aux données, vérification des informations…) ; – rédiger deux synthèses : une sur les articles, une sur le film. Chaque groupe tire au sort soit le groupe d’articles, soit le film à présenter, pour que toutes les œuvres en compétition soient traitées, et passe ensuite à l’oral. Les rencontres avec les journalistes Les élèves et leurs enseignants ont la possibilité de rencontrer l’un des reporters de la sélection. Lors de l’année scolaire 2021-2022, Jules Giraudat, pour son film Projet cartel : Mexique, le silence ou la mort et Alex Gohari (lauréat 2021 avec Léo Mattei) pour son film On the Line , les expulsés de l’Amérique , se sont déplacés dans plusieurs établissements scolaires. Lors de l’année scolaire 2022-2023, Martin Boudot, en visioconférence, a présenté et expliqué son travail sur la série Vert de rage. Margaux Benn, lauréate dans la catégorie presse écrite, est venue à la rencontre des lycéens. Notion info-documentaire : source La source est constituée des acteurs (personnes ou organisme) qui sont à l’origine de l’information considérée. Elle permet d’identifier le type d’information produit (journalistique, scientifique, promotionnelle, etc.) et d’estimer sa validité. Définition complète à consulter ici. Pour plus d’informations sur ce projet cliquer ici.

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Corpus et textes

Utopie et dystopie : une certaine vision de la société et de l'individu

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