Le Conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN) rappelle que les activités sur les motifs organisés ne sont pas seulement des entraînements à la motricité fine, à l’écriture ou à la production artistique : « elles constituent surtout un puissant stimulant pour le développement des mathématiques, particulièrement la géométrie et la logique » et doivent être proposées de manière plus systématique en classe (« Les motifs, source d’éveil aux mathématiques en maternelle et au primaire », Note n°10, juin 2023). De fait, le programme 2025 de mathématiques du cycle 1 intègre la nouvelle thématique « Se familiariser avec les motifs organisés ».
Motif et règle de prolongement
- Un motif est une suite ou une configuration d’éléments visuels, sonores ou moteurs qui se répètent selon des règles définies. Le programme précise en effet que les motifs peuvent être de différentes natures : « la répétition de l’alternance de deux perles rouges et de trois perles bleues dans un collier, celle de deux sons aigus et de trois sons graves dans un morceau sonore, ou celle de deux pas en avant et de trois pas sur le côté gauche dans un mouvement ».
Ainsi, les activités proposées aux enfants ne doivent pas se limiter à la manipulation d’objets, de solides, de formes géométriques ou à la reproduction de motifs graphiques pour préparer l’enfant à écrire. L’enseignant(e) doit veiller à introduire des activités de motifs diverses et variées, avec des modalités sensorielles différentes (visuelle, sonore, gestuelle). - La règle de prolongement d’un motif définit comment les éléments sont organisés. Elle est abstraite car « indépendante » des éléments concrets eux-mêmes. Faire repérer un même motif dans une suite de sons, dans un enchaînement de mouvements et dans une rangée de perles par exemple, attire l’attention des élèves sur l’existence d’une structure commune. C’est un premier accès à l’abstraction.
Motifs répétitifs, motifs évolutifs
On distingue deux types de motifs selon la règle de prolongement appliquée.
- Les motifs répétitifs sont les plus simples à aborder.
Par exemple, AAAAA (répétition d’un même élément), ABABAB (alternance de 2 éléments), AABBBAABBB (répétition d’un modèle de base), etc. - Les motifs évolutifs obéissent à des règles de prolongement plus complexes.
Par exemple ABAABBAAABBB ou ABABBABBB (progression croissante du nombre d’apparition d’un ou de deux éléments), AAABBBAABBAB (progression décroissante), etc. Le programme de mathématiques du cycle 1 précise que les motifs évolutifs ne seront travaillés qu’à partir de l’âge de 5 ans.
Les motifs, des activités ludiques mais pas seulement !
D’après les recherches scientifiques récentes, le recours dès la maternelle à des activités ludiques et intuitives axées sur la reconnaissance et l’utilisation de motifs peut faciliter le développement non seulement des capacités visuo-spatiales et de lecture/écriture, mais aussi l’apprentissage des mathématiques. Copier, identifier, mémoriser, compléter, prolonger, transposer un motif, trouver un intrus permettent de stimuler des compétences mathématiques, notamment dans les domaines de la géométrie, de la logique et de l’algorithmique.
À partir de 3 ans, l’enfant devient capable de reconnaître et de produire des motifs :
- il peut copier un motif simple à l’âge de 3 ans ;
- il peut reproduire, étendre et abstraire certains motifs répétitifs à partir de 4 ans ;
- il peut transposer des motifs simples en utilisant des éléments différents à 4 ans et demi.
À partir de 5/6 ans, les capacités de manipulation de motifs se développent fortement et il est possible de proposer aux enfants des activités plus complexes.

Source : CSEN, « Les motifs, source d’éveil aux mathématiques en maternelle et au primaire », Note n°10, juin 2023.