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Source : Christian Chavagneux, alternatives-economiques.fr, 3 mai 2023.
© Pavel Ignatov/Adobe Stock
La dégradation de la note de la France par Fitch est-elle grave ?
Christian Chavagneux, alternatives-economiques.fr, 3 mai 2023
[…] Le 28 avril dernier, l’agence de notation Fitch Ratings a dégradé d’un cran la note de la dette publique française de AA à AA-. […]
Les agences de notation disposent de modèles qui leur permettent de tracer des perspectives d’évolution du déficit budgétaire et de la dette publique des pays […]. Lorsqu’elles considèrent que la capacité de remboursement d’un État s’affaiblit, elles envoient un message aux créanciers internationaux : vous pouvez continuer à financer la dette publique de ce pays mais sachez que nous considérons que c’est plus risqué qu’avant.
[…]
Pourquoi cette dégradation ?
Fitch justifie ce nouvel abaissement de la note par des considérations économiques : la croissance ne sera pas assez forte à ses yeux pour réduire le ratio de dette sur PIB dans la mesure où les déficits publics vont rester élevés, que la politique d’austérité annoncée par le gouvernement dans le cadre du programme de stabilité reste trop molle et que, par conséquent, la dette publique française va continuer à progresser, « modestement », mais à progresser.
Plus intéressant, l’agence de notation avance également des considérations liées à « la controversée réforme des retraites » selon ses propres mots. […] Surtout, les experts de Fitch considèrent que « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) posent un risque pour l’agenda de réforme de Macron et pourraient exercer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’une inversion des réformes précédentes ».
En clair, la méthode politique employée par le gouvernement est nettement condamnée pour avoir brusqué la société française à tel point que de futurs dirigeants devront sûrement revenir sur la réforme, voire sur les réformes précédentes. […]
Faut-il s’en inquiéter ?
[En revanche], les conséquences financières de la dégradation de la note française sont à peu près nulles. Ces derniers jours, comme avant, la France emprunte à 10 ans à un peu moins de 3 %. Pourquoi ?
Il y a une bonne raison économique à cela : selon les prévisions du gouvernement inclues dans le pacte de stabilité, le taux d’intérêt réel à 10 ans (une fois l’inflation prise en compte) va rester inférieur au taux de croissance réel de l’économie à l’horizon 2027. Comme l’explique l’économiste Patrick Artus, dans ces conditions, « il n’y a pas de contrainte budgétaire » car les recettes fiscales progressent plus vite que le coût de la dette.
Et encore, le gouvernement se fonde sur un scénario de taux à 3,4 % jusqu’en 2027 ce qui paraît pessimiste. D’une part, le Fonds monétaire international (FMI) parie à l’inverse sur une baisse significative des taux à cet horizon.
[…]
D’autre part, l’Allemagne et les autres pays européens s’engageant dans des politiques de réduction de la dette, le volume de dette sûre disponible va diminuer, c’est-à-dire celle que les créanciers internationaux veulent détenir en permanence, à la fois pour minimiser les risques et parce que cela leur sert de garantie pour obtenir des prêts. […] En clair, les créanciers internationaux considèrent, à juste titre, que la France va continuer à rembourser sa dette sans problème et qu’en plus elle constitue un placement à privilégier quand le reste de l’économie mondiale tangue pour telle ou telle raison […]
Questions
1. Faites une liste des faits patents, observés par l’agence de notation pour dégrader la note puis faites la liste des hypothèses qui sont faites. Que remarquez-vous ?
2. Analysez la phrase soulignée et montrez comment elle explique la tranquillité avec laquelle la dégradation de cette note a été accueillie.
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