Pour pouvoir lire et écrire, les enfants doivent réaliser deux grandes acquisitions : identifier les unités sonores que l’on emploie lorsqu’on parle (conscience phonologique) et comprendre que l’écriture du français est un code au moyen duquel on transcrit des sons (principe alphabétique). La conscience phonologique est la capacité à percevoir, à découper et à manipuler de façon intentionnelle les unités phonologiques d’un mot : syllabe, attaque, rime, phonème.
À l’école maternelle, les enfants apprennent à manipuler volontairement les sons, à les identifier à l’oreille donc à les dissocier d’autres sons, à repérer des ressemblances et des différences.
Sensibiliser les élèves aux sons
Les jeux vocaux et les comptines – qu'elles soient chantées, mimées ou scandées en classe – constituent d'excellents supports pour jouer avec les mots et les sonorités de la langue. Ludiques et faciles à mettre en œuvre, ils placent les enfants en situation d'écoute active et les entraînent à identifier les sons à l’oreille.
Avec les jeux vocaux, les enfants font le lien entre les sons qu’ils entendent et eux qu’ils produisent. Les comptines permettent de travailler les ressemblances sonores (rimes, assonances, allitérations) et l’articulation. L’enchaînement de syllabes rythmées sans sens sémantique (par exemple, « Am stram gram, Pic et pic et colégram… ») aide les enfants à se détacher du sens des mots. C'est en répétant les mêmes mots associés à un rythme et à une gestuelle que les élèves mémoriseront progressivement les comptines et seront capables de les restituer.
Développer la conscience syllabique
L’unité sonore la plus facilement perceptible est la syllabe car elle correspond à une unité d’articulation : le mot « moto », par exemple, comporte deux syllabes mo-to. Pour développer la conscience phonologique, l’enseignant(e) habitue les enfants à décomposer volontairement ce qu’ils entendent en syllabes orales : en utilisant le frappé d’une suite sonore, en « découpant » oralement des mots connus en syllabes, en repérant une syllabe identique dans des mots à deux syllabes, puis en intervertissant des syllabes, toujours sans support matériel, ni écrit ni imagé. Ces jeux phoniques peuvent être pratiqués en grand groupe, ou en petits groupes pour des enfants qui participent peu ou avec difficulté en grand groupe.
À travers des exercices visant à identifier les syllabes, à les isoler, les compter, les décomposer et les manipuler oralement (par exemple, doubler une syllabe, inverser deux syllabes, rechercher des syllabes communes, etc.), les élèves prennent conscience que les mots sont formés d'unités plus petites et que leur combinaison permet de former des mots nouveaux. L’enseignant(e) prêtera une attention particulière au travail de décomposition des syllabes pour repérer des rimes (« trouver des mots qui finissent de la même façon ») et des syllabes initiales communes entre des mots (« trouver des mots qui commencent par la même syllabe »).
Une fois que les enfants sont capables d’identifier des syllabes communes à plusieurs mots, de les isoler, ils peuvent alors s’attacher à repérer les plus petites unités sonores qui entrent dans la composition des syllabes (les phonèmes).
Distinguer syllabe et phonème
Les phonèmes ont une importance particulière pour l'apprentissage de l'écrit dans la mesure où notre système alphabétique d'écriture est fondé sur leur représentation graphique (graphèmes).
En maternelle, il s'agit de faire percevoir qu’un mot ou qu'une syllabe sont composés d'un ou de plusieurs phonèmes (« rat » : /r/a/ ; « cadeau » : /k/a/d/o) à travers des jeux et des exercices phonologiques répétés : transformer des mots en modifiant un phonème, retrouver des mots qui contiennent un même phonème, localiser un phonème à l'intérieur d'un mot (au début, au milieu, ou à la fin du mot), fusionner des phonèmes pour créer des mots... Parce que les sons-voyelles sont plus faciles à percevoir que les sons-consonnes et qu’ils constituent parfois des syllabes, c’est par eux qu’il faut commencer, sans vouloir faire identifier tous les sons-voyelles qui existent en français (ils sont au nombre de 16) et sans exclure de faire percevoir parmi les 20 sons-consonnes quelques sons les plus accessibles.
Enfin, il faut prendre en compte le fait que le phonème, comme la syllabe, est plus facilement identifiable en début ou en fin de mot.
